Christophe Hazemann, au Musée Soulages (photo: J.B et J.H)

Christophe Hazemann, directeur adjoint du Musée Soulages défend les œuvres de l’artiste depuis 2017. Alors que rien ne le prédestinait à des études d’Histoire de l’art, il est aujourd’hui la tête pensante d’expositions mondialement reconnues.

Disponible, passionné et engagé, il n’hésite pas à aller à la rencontre du public et « rendre ce que ce professeur d’histoire [lui] a apporté ». Un enseignant de son lycée de Montbéliard avec qui une relation particulière s’est installée. Il lui transmet ce goût de l’art, de la culture, la découverte d’un nouveau monde, bien loin de ses origines ouvrières.

L’émancipation d’un enfant d’ouvriers

Enfant d’une famille ouvrière franc-comtoise, le travail d’été à l’usine Peugeot lui était « horrible ». S’émanciper est donc devenu un impératif. A l’âge de 19 ans, jeune étudiant en Histoire de l’art, Christophe entre pour la première fois dans un musée et embrasse un nouveau mode de vie. Pris d’une fièvre d’art, il veut tout découvrir : la danse contemporaine, la littérature et la musique. « Pour rattraper tout ce temps perdu », dévoile-t-il.

Être gaucher était pour lui un handicap. Il se souvient de cette institutrice vieille France qui l’obligeait à écrire de sa main droite. Cette humiliation l’éloigne de tous moyens d’expression artistique. « Je ne suis pas très doué avec mes doigts, je ne suis pas très agile, la peinture ou la sculpture me sont presque interdites. C’est par la photographie que je trouve ma voie d’expression ». À l’image de Soulages, l’abstraction nourrit son travail. Il ne cherche pas à représenter la réalité, il joue avec la lumière, les reflets pour créer des œuvres atypiques, et toujours faire « un pas de côté, faire autrement ».

Un partage d’émotions pour se reconnecter

Le fossé avec sa famille se creuse, Johnny et Patrick Sébastien ne sont plus ses références et laissent place à Brel, Piaf et Barbara. « On est devenus complètement décalés, à un point même que ce n’était plus agréable de se voir », confit-il. Lorsque ses parents viennent à Lyon pour la première fois, ils comprennent enfin ce qui anime leur fils. Il leur partage son amour pour l’opéra et l’art contemporain. Il conclut par cette expression : « Se recomprendre à nouveau ».

Aujourd’hui, Christophe Hazemann ne se fixe aucune limite, il voit de nouvelles portes s’ouvrir. En juin prochain, il montera sur les planches pour déclamer les paroles de Soulages. Encore à la genèse du projet, il confie son excitation mais aussi, ses craintes.

Si ses passions ont une place importante dans sa vie, il n’abandonne pas pour autant ses missions au sein du Musée Soulages. Un travail qui le passionne réellement !

Jade Bousquet et Jacques Haudrechy
Édité par Enora Croguennoc le 15/11/2024