Aujourd’hui, Frank Becker, médecin urgentiste à l’hôpital de Rodez, veille avec sang-froid et dévouement sur les patients les plus fragiles. (Photo : Franck Becker)
Médecin urgentiste depuis vingt ans, Frank Becker raconte son parcours atypique et les moments marquants qui ont forgé sa carrière. De son premier sauvetage improvisé à sa capacité à gérer le stress, il partage les leçons apprises au fil des interventions.
Frank Becker, 53 ans, a toujours su qu’il serait médecin. Alors qu’il se destinait à la médecine générale, il a finalement été happé par les urgences, il y a une vingtaine d’années.
Lors d’une de ses dernières gardes en tant qu’interne, faute de médecin disponible, une infirmière l’interpelle et lui demande de l’accompagner sur une intervention à Laissac. Il s’agit d’assurer le transport d’une patiente jusqu’à l’hôpital de Rodez. Une fois sur place, un autre médecin le contacte. Non loin de là, un homme d’une cinquantaine d’années est en arrêt cardiaque et respiratoire. Frank se lance alors dans cette intervention imprévue, bien qu’il n’en ait pas l’autorisation. Maîtrisant les procédures et les gestes de premiers secours, l’intervention se déroule sans encombre. L’homme est ensuite transporté aux urgences de Rodez. À son retour, l’efficacité de son intervention lui vaut un contrat de médecin urgentiste. C’est ainsi que son histoire a commencé, et depuis, elle ne s’est jamais arrêtée.
« On fait ce qu’on peut sur le moment »
Frank raconte comment il a su rester serein lors de cette intervention pourtant difficile. Il dit lui-même : « On fait ce qu’on peut sur le moment ». Il doit donc rester professionnel et serein face à ses patients pour que cela se passe au mieux. Il accorde beaucoup d’importance à la reconnaissance de ses patients, une mentalité qui ne l’a jamais quitté.
Sauveur d’une vie
À ce propos, il y a quelque temps, Frank a plongé un jeune homme de 24 ans dans un coma artificiel, à la suite d’une suspicion d’accident vasculaire cérébral. Il a laissé son numéro au père du jeune homme, en lui disant qu’il ne restait plus qu’à attendre que les soins fassent effet. Trois jours plus tard, Frank reçoit un appel. C’était le père du jeune homme, qui lui dit : « Le miracle a eu lieu ».
Équilibrer vie personnelle et urgences : le défi d’un médecin
Ces retours de ses patients comptent beaucoup pour lui. Jusqu’à récemment, il ne pouvait pas en parler à la maison. Ses histoires de travail n’étaient pas les bienvenues au sein de son foyer. Quand il rentrait de l’hôpital, avec pour souhait de s’exprimer sur sa journée, son ex-femme lui répondait : « Pousse-toi, je ne vois plus la télévision ». Aujourd’hui, remarié, il peut librement parler de ce qui le préoccupe. Son entourage l’écoute avec bienveillance et sans jugement. Il arrive désormais à faire la part des choses et à « laisser les problèmes à l’hôpital ». Il affirme : « Il en va de ma santé mentale, déconnecter est ma sécurité ». Grâce à cet équilibre, à cette force et à sa capacité à rester calme en toutes circonstances, il peut aujourd’hui déclarer : « La colère n’a pas sa place dans mon travail ».
Clémentine Jamet et Victoire Nogaret
Article édité par Gaëlle Mauguen, le 15/11/2024



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