Fabien Marcorelles est un photographe ruthénois de 44 ans. ( photo : Fabien Marcorelles )
Créer un souvenir, avant de prendre une photo. C’est la quête de Fabien Marcorelles, photographe à Rodez, élu portraitiste de l’année 2023.
« Appuyer sur le bouton est vraiment la phase finale », explique-t-il. L’art du photographe est le jeu de la lumière, du cadrage, le talent de la photo prise au bon moment. Le plus important est de mettre à l’aise le modèle, justement parce qu’il n’en est pas un. Il faut savoir créer une réaction naturelle en « tapant juste » dans la discussion et dans les blagues. Une problématique même auprès des nouvelles générations, qu’on pourrait penser qu’ils ont l’habitude de poser.
C’est ainsi que le photographe crée des souvenirs qui vont rester et qu’il va pouvoir transmettre comme un médiateur de souvenir. C’est le rôle que Fabien endosse dans tous les domaines de son activité ; du mariage à la restauration de photos anciennes. Son travail permet aux familles et à leurs proches, de garder un souvenir des personnes qui leurs sont chères, même après leur mort. Parfois, la clientèle de Fabien souhaite immortaliser un père, un frère et une sœur en fin de vie. Des moments forts que le photographe raconte avec douceur, et dont il tire une certaine gratitude.
À la recherche d’une passion
Une gratitude qu’il a, en quelque sorte, pour son métier et qui l’a lui aussi accompagné dans des moments douloureux. En 2015, quelques mois après avoir quitté son poste dans une entreprise informatique pour vivre de la photographie, le passionné de course de moto chute sur une route de campagne. Dans sa chute, il traverse une haie et des barbelés et voit sa jambe blessée. S’en suit sept mois couché, deux ans en arrêt de travail et la menace d’une amputation à sa jambe.
Malgré cela, grâce au soutien de ses parents, il continue à se présenter au bord des circuits de moto pour vivre de sa passion. Un accident qui, paradoxalement, l’aurait aidé à ne pas lâcher, avec la motivation d’aller mieux dans tous les aspects de sa vie et après avoir cramé, dit-il « un beau joker ». Cependant, avec cette nouvelle sensibilité, il est plus difficile de voir les pilotes qui n’ont pas sa chance, et qui perdent la vie dans leur passion commune, et l’enthousiasme et l’euphorie, diminuent petit à petit.
Son art de la photographie
Avec la naissance de son premier enfant, le portraitiste apprécie le confort de son studio ruthénois, de pouvoir rentrer le soir et ne plus passer la semaine sur les routes. Les portraits, c’est aussi moins de mécanique pour un côté plus humain. S’il aimerait un jour retourner vers le sport mécanique, notamment l’automobile, il apprécie aussi se former et progresser dans l’art du portrait, en cherchant de nouvelles techniques à l’étranger ou auprès de grands photographes.
Il est particulièrement fasciné par la propension de certains artistes à utiliser des objets du quotidien. Par exemple, pour filtrer la lumière, d’autant plus qu’il avoue ne pas avoir cette vision. Il raconte, avec amusement, les enseignements de la photographe américaine, Lyndsay Adler, lors d’une formation, qui a utilisé une pelle à litière pour filtrer la lumière et créer un portrait artistique. Bien que n’étant pas un grand amateur de peinture, il est impressionné par le travail de Soulages, qui lui aussi, a « écrit avec la lumière », comme nous en photo.
Une passion sans fin pour le photographe
D’ailleurs, le photographe aime travailler avec le noir et blanc. Il le considère élégant et intemporel. Il permet de se plonger dans la photo, de ne pas déranger l’observateur avec des couleurs afin que ce dernier puisse se concentrer sur le regard, et l’émotion des personnes immortalisés. Alors que le portraitiste, certainement par modestie, ne considère pas qu’il ait un style propre. Il concède que ses photos sont reconnues, alors même qu’elles ne sont pas signées. Peut-être est-ce l’émotion qui transparait, provoqué par la bonne humeur de Fabien, qui marque sa signature.
Par Valentin Burkhardt
Édité par Elouan Granier, le 15 novembre 2024.



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