Charlotte Blanc, en plein travail créatif dans son atelier à Millau. (photo : J.B.)
À 25 ans, Charlotte Blanc reprend la cordonnerie Poujol, mêlant tradition et modernité. Après une carrière d’infirmière, elle se forme au travail du cuir, renouant avec un savoir-faire familial qu’elle partage sur les réseaux sociaux.
Charlotte Blanc a toujours su : « Un jour, je reprendrai la cordonnerie familiale et deviendrai cordonnière. » Petite-fille et fille de cordonnier, à seulement 25 ans, Charlotte perpétue la tradition familiale, celle de la cordonnerie Poujol à Millau. Réparation de pièces en cuir, création de ceintures et de sacs à main sur mesure : l’atelier aux multiples savoir-faire assure sa renommée. Charlotte est au comptoir, son frère Adrien à l’atelier. Elle a passé une partie de son enfance dans cette échoppe, à regarder son père travailler le cuir avec passion.
Plus qu’une passion, une vocation
Tout juste diplômée de l’école d’infirmière de Montpellier, elle se rend compte qu’elle ne s’épanouira jamais dans cette voie. Persévérante, elle exerce le métier d’infirmière pendant trois ans. « Comment ai-je pu être malheureuse si longtemps dans mon travail ? » se demande-t-elle encore. Un dur labeur pour celle qui a toujours aimé faire les choses différemment.
À 23 ans, après un an de réflexion, elle décide d’écouter cette petite voix qui lui trotte dans la tête. Elle annonce à sa famille qu’elle veut apprendre le métier de son grand-père. Très étonné, son père lui propose de s’essayer à la réparation et à la création. Alors qu’elle n’avait jamais touché une machine à coudre de sa vie, ces trois semaines ont été comme une révélation. Au-delà d’une passion, elle s’est découvert une vocation. « Je n’ai jamais été manuelle ni créative, mais je me suis sentie comme débloquée », confie-t-elle. Elle apprend cette dextérité, cette précision qu’exige le travail du cuir.
« Je n’ai jamais abandonné »
Charlotte entame une formation en maroquinerie, mais elle se confronte à une triste réalité : celle de la réorientation professionnelle. Elle met près de huit mois à obtenir un financement auprès d’un organisme. « Je n’ai jamais abandonné, même si ça a été compliqué de recevoir tant de refus et si peu de considération pour mon futur métier. » Tenace, elle obtient son CAP en juin dernier et intègre la cordonnerie à plein temps. Autonome dans la création de sacs et de ceintures, elle doit encore se former au métier de cordonnière-réparatrice. Un savoir-faire familial que son père, Philippe, lui transmet avec fierté.
Passionnée de chaussures, d’accessoires, de sacs, de couleurs, Charlotte apporte sa patte au sein de l’atelier. « Je veux dépoussiérer mon métier », affirme-t-elle. C’est à travers les réseaux sociaux qu’elle partage le savoir-faire traditionnel de la cordonnerie et la face cachée de son métier. Charlotte Blanc souhaite s’accomplir en tant que cordonnière et devenir la légitime héritière de la cordonnerie Poujol.
Jade Bousquet
Edité par Lya Jocelyn, le 15 novembre 2024.



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