Jicé est un artiste peintre autodidacte. On ne connaîtra jamais son prénom car, pour lui : « En tant qu’artiste, mon nom n’est pas intéressant. J’ai choisi Jicé parce que tu as Jean-Claude, Jean-Christophe, Jean-Charles. Ça existe partout, ça existe nulle part donc tu n’es pas « le fils de » ou « le cousin de »…»
Né dans les années 1960 à Paris, d’un père maçon et d’une mère aveyronnaise, il va vivre quelques années dans le 12ème arrondissement. C’est un quartier populaire où il va connaître le monde urbain et de l’industrie, qu’il va représenter dans ses tableaux.
Le rapport humain est merveilleux
Avant d’être peintre, il travaille pour le secteur de la carrosserie, où il apprend l’aérographe, le pistolet et les laques. « C’est un milieu où j’ai marché très vite, dit-il, mais ça ne m’intéressait pas. Je préfère le milieu de la décoration, c’est beaucoup plus intéressant, avec un contact humain avec les clients et les architectes. » Cela fait maintenant 30 ans qu’il est peintre décorateur à son compte. Il peint des fresques murales pour des particuliers et des entreprises. Son métier, il le vit avec passion. « Des fois, tu fais pleurer les gens parce que tu as peint le grand-père ou quelqu’un de la famille… Le rapport humain est merveilleux. Faire plaisir à quelqu’un c’est merveilleux », a-t-il confié. Jicé a pu travailler en collaboration avec de grands artistes et peindre pour le café de l’Olympia à Paris. Son métier lui apporte de la sûreté mais aussi de l’épanouissement.
A côté de son travail, il est peintre sur toile, où il représente le monde urbain, notamment le monde industriel new-yorkais avec de la matière métal riveté. Il peint aussi les visions plongeantes avec la notion de vertige, de danger que nous inspire les grands buildings. C’est un oxygène pour lui de pouvoir combiner ses deux passions, car, il ne se met jamais en danger. Il explique : « Le nerf de la guerre, pour la diffusion artistique, c’est l’argent, c’est-à-dire que le financement de ta partie artistique c’est toi qui vas le faire. Donc le comportement intelligent c’est d’avoir un métier à côté qui va te permettre de payer des locaux, de vivre. Avoir un métier c’est ta sécurité ».
Il est d’ailleurs toujours accompagné de sa compagne Chantal, qui l’aide énormément pour sa peinture. Elle va négocier les matériaux, fait les comptes et entretient les réseaux avec des artistes pour pouvoir participer à des salons. « Cela me permet de ne pas avoir du travail en plus. Je peux rentrer et peindre sans me préoccuper de la paperasse », dit-il.
Ils se sont installés à Rodez, tout d’abord car « c’est une belle ville pour courir ». La course est une de ses passions avec le cinéma policier. Elle lui permet de s’évader, de souffler. Rodez c’est aussi une ville où il y a beaucoup d’acheteur d’art. « Ça m’est arrivé de livrer des tableaux à plus de 40 000 euros », a-t-il confié. C’est un retour aux sources pour le couple d’origine aveyronnaise qui pense que « si on revient en Aveyron, autant installer l’atelier dans Rodez ».
Jicé est quelqu’un de vivant, avec du caractère, déterminé et il se remet toujours en question sur sa peinture : « Il faut avoir la faculté de se regarder, d’avoir une dynamique de l’échec. Il ne faut pas lâcher. Tu sais que tu peux faire mieux donc tu continues de travailler : c’est pourquoi je travaille beaucoup en reconditionnement de tableau. » Il n’a pas d’idole mais sait reconnaître le talent de ses confrères, surtout américains, comme Jeremy Man ou Edward Hopper, car les américains sont les meilleurs pour peindre les perspectives.
Quand on lui demande où il se voit dans 10 ans, il répond : « Je m’en fous de voir où je serai dans 10 ans. Je continuerai à m’activer en peinture déco. Mais pour la peinture sur toile, je ne sais pas encore quand j’arrêterai ». Son seul souhait est de visiter New-York, cette ville qui l’inspire. Bien qu’on puisse penser le contraire, il n’y a jamais mis les pieds mais plaisante en disant : « Peut-être que j’y suis simplement né dans une autre vie ».
Justine Goulignac
Edité par Adélaïde Clerc le 15/11/2024



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