Bérangère Fallon dévouée pour ce métier humain. (photo: Cathy Semamra)

Veiller sur les autres, c’est la vocation de Bérangère Fallon. Suite à une reconversion professionnelle, elle trouve enfin le métier qui lui correspond et vit pleinement de cette profession à Angoulême.

Bérangère Fallon a commencé sa carrière dans le commerce, mais elle s’est rapidement rendu compte que ce qui la liait au client c’était « l’envie de les aider plus que de leur vendre quoique ce soit ». C’est à ce moment-là que le social a pris place dans sa vie.

À 46 ans dont 20 dans le social, c’est le métier de surveillante de nuit qu’exerce Bérangère, en Charente, à Angoulême. Son établissement, le foyer Entre-roche de l’Adapei, rassemble un foyer d’hébergement travailleurs et un service d’accueil de jour et d’hébergement, auprès de personnes handicapées. Bérangère précise la différence avec veilleuse de nuit, « Un veilleur de nuit à le droit de dormir, il est moins payé mais dort, tandis que, moi, je gagne plus, pour 10 heures de travail, mais j’ai l’interdiction de m’endormir ». C’est un rythme de vie qu’elle a adopté il y a 4 ans. 

Avant, elle travaillait en tant qu’encadrante professionnelle auprès du même public, des personnes en situation de handicap mental, mais de jour. Cela a été un changement marquant dans sa carrière: « Ce n’est pas anodin, mais dans mon cas ça ne me va pas trop mal, car je n’ai pas de vie de famille et je n’ai pas d’enfant en bas âge ou d’enfant à gérer en journée, ma fille étant déjà indépendante. Et puis j’ai un rythme qui tend beaucoup plus vers la préférence de vivre de nuit. Mais malgré tout, ça reste un changement majeur et ça reste difficile de concilier les relations sociales avec le rythme de vie ».

Fine analyste, cette surveillante de nuit a remarqué la difficulté de ce métier « humain » dans lequel, selon elle, « on peut difficilement évaluer la qualité de travail de chacun et l’évolution des résidents dans leur suivi psychologique car ce n’est pas flagrant ». Cela engendre, chez elle, une frustration et une impression de sur-place dans ses compétences professionnelles. Sensible, elle est à l’écoute de ses collègues qui se confient facilement à elle. Bérangère observe, ressent et analyse. Cela lui permet d’en ressortir toutes les tensions ambiantes dans son équipe. Mais à quel prix ?

Une vocation plus qu’un métier

Pendant très longtemps, son travail empiétait sur sa vie personnelle. Elle avait du mal à lâcher prise et le laisser de côté lorsqu’elle rentrait, car pour elle, « ce n’est pas un travail où tu rentres chez toi, tu poses ton sac et c’est terminé ». Elle l’illustre par une anecdote qui l’a beaucoup marqué : « À l’époque, ma fille me demandait, de temps en temps, des nouvelles de mes résidents et de mes collègues parce que je lui en parlais tellement régulièrement qu’elle était au courant de ce qu’ils traversaient, de leur évolution et de leurs comportements, c’est bien la preuve que mon recul n’était pas suffisant ».

C’est un travail qu’elle considère « énergivore », mais c’est avant tout une vocation. Elle ne travaille pas seulement pour travailler, mais pour le soutien, le soulagement et le bien-être qu’elle apporte aux résidents de son établissement. C’est effectivement ce qui la motive au quotidien puisque si elle devait faire un autre métier, elle continuerait d’accompagner. « J’aime accompagner pour un bien-être et vers un sentiment de sérénité, je pense que thérapeute me correspondrait pas mal, je souhaiterais même me pencher sur une reconversion », dit-elle.

En constante évolution, elle travaille sur ses défauts et ses difficultés, dans le but de s’améliorer et donner le meilleur d’elle-même pour chaque personne qu’elle accompagne et sur qui elle veille.

Par Cathy Semamra

Édité par Julie Arnaud le 15/11/24