Immersion à l’UADO de Sainte-Marie

Le service Unité d’accueil, de diagnostic et d’orientation (UADO), centre de crise de l’hôpital Sainte-Marie de Rodez, a enregistré 3 321 passages en psychiatrie en 2023.

© Photo: Loralie Cerato


Comment se déroulent ces prises en charge en urgence ?

Lorsqu’un patient se présente à l’UADO, que ce soit de sa propre initiative ou à l’initiative d’un tiers (famille, établissements médicaux, centres hospitaliers, assistante sociale, centres médico-psychologiques), la première étape est une consultation infirmière. “Une orientation efficace dès la première consultation est primordiale pour organiser et traiter rapidement les patients”, explique Stéphane Riva, cadre supérieur de santé.

Suite à la consultation infirmière, le patient est pris en charge par un médecin psychiatre. Le médecin, formé et expert dans le traitement des troubles psychiatriques, travaille en pluridisciplinarité (avec des assistantes sociales, d’autres médecins ou infirmiers) pour proposer une prise en charge la plus adaptée possible au patient et à sa clinique, c’est-à-dire l’ensemble des symptômes et des troubles favorisant certaines pathologies psychiatriques.

L’étape cruciale de l’admission d’un patient est l’évaluation du risque de passage à l’acte. “Ce qui est important, c’est de repérer en priorité le risque suicidaire. C’est la première évaluation, majeure dans toutes nos prises en charge, qu’elles soient en soin libre ou en soin sans consentement, peu importe l’âge, la dynamique ou l’histoire de la personne. Le repérage du risque suicidaire va définir l’urgence du soin”, reprend Stéphane Riva.En fonction de cette évaluation du risque “de faire du mal ou de se faire du mal”, le patient peut être orienté vers trois types de parcours. Il peut être admis pour une consultation avec traitement adapté ou, si la problématique identifiée lors des consultations précédentes est trop importante, pour une hospitalisation de courte ou longue durée.

Une demande grandissante

Annoncée comme une grande cause politique du gouvernement 2025, la santé mentale souffre pourtant d’un manque de moyens humains et matériels. 

“Depuis plusieurs années, nous sommes dans l’obligation de diminuer les lits d’hospitalisation alors que la demande reste toujours aussi forte, constate Stéphane Riva. Les démarches pour des consultations psy se démocratisent… Les demandes de soins sont de plus en plus nombreuses, et en tant qu’unité d’urgence disponible 7 jours sur 7 et 24h/24, nous nous devons de traiter les patients avec le plus grand soin et confort possible, même si nous avons de moins en moins de lits d’hospitalisation.” Et le référent de l’UADO de regretter : “Quand une personne a un problème psychiatrique ou psychologique et qu’elle doit attendre entre trois et six mois pour voir un psychiatre, je trouve cela assez déplorable. » 


Une jeunesse qui se livre

© Laurence Guibout est aussi psychologue à l’IUT de Rodez le lundi et le mardi. / Loralie Cerato

La prise en considération de la santé mentale évolue et devient de plus en plus importante, et ce, dès le plus jeune âge. Laurence Gibout, psychologue universitaire, se réjouit de la démocratisation des consultations psychologiques : “La santé mentale est de moins en moins taboue. Avec les aides mises en place par l’État, les patients ont plus de facilité à recourir à une consultation psychologique”. Cette facilité d’accès entraîne également une augmentation des prises de rendez-vous. Pourtant, le nombre de praticiens dans le domaine médical diminue, et le secteur de la santé mentale n’y échappe pas. L’attention accordée à l’urgence de chaque situation est donc primordiale pour maintenir un niveau de prise en charge aussi complet et efficace que possible.

Laurence Gibout nous explique : “L’urgence, on va la mesurer en fonction de l’appel téléphonique pour la prise de rendez-vous, si la personne insiste, selon ses troubles et surtout s’il y a un risque de passage à l’acte ou de suicide”. La psychologue en établissements scolaires constate également que parfois l’urgence s’impose : “Dans un cas comme celui-là [jeux sexuels en classe de CE1], l’urgence est primordiale ; on adapte notre emploi du temps pour pouvoir intervenir le plus vite possible, quitte à se rajouter des heures de travail”.

Il est crucial de traiter les événements traumatiques ou les troubles psychologiques le plus tôt possible afin de minimiser leur impact sur la vie future du patient.

Loralie Cerato