Bertrand Vayssettes, un alpiniste amateur aveyronnais aux multiples exploits. (photo : Bertrand Vayssettes)

Depuis le documentaire à succès du youtubeur français Inoxtag, l’alpinisme n’a sans doute jamais été autant sous le feu des projecteurs. Pourtant, avant lui, de nombreux amateurs ont également réalisé des exploits dans cette discipline. Parmi eux, Bertrand Vayssettes, un Ruthénois passionné de montagne.

En 2017, Bertrand Vayssettes fait parler de lui dans la presse locale aveyronnaise. Et pour cause, il vient de gravir l’Himlung Himal, un sommet situé dans l’Himalaya culminant à plus de 7000 mètres d’altitude. Un périple de cinq semaines mené avec une équipe de trente personnes, parmi lesquelles le très expérimenté guide de Lagrave, Paulo Grobel. Cependant, pour atteindre le sommet, Bertrand et son équipe ont choisi de sortir des sentiers battus : « L’idée était d’aller sur un sommet vierge, puis de rentrer par une autre arête en faisant un grand tour à la frontière sino-népalaise pour ouvrir une nouvelle voie », confie-t-il. Cette traversée par une voie encore inexplorée demandait moins de logistique et leur a permis d’économiser leurs efforts. Elle leur a également offert le privilège de baptiser ce col montagneux à leur guise : de là sont nés le « Mont Tripou » et le « Pic Aligot », aujourd’hui répertoriés ainsi sur les cartes officielles. Un joli clin d’œil à l’Aveyron. Néanmoins, gravir ce sommet n’a pas été une mince affaire pour Bertrand. En raison des conditions difficiles, l’alpiniste est tombé malade : « À cause du mal de l’altitude, j’ai fait un œdème pulmonaire mais tout est rentré dans l’ordre et j’ai pu arriver au sommet ». Une prouesse exceptionnelle pour un homme à qui rien ne laissait présager une telle histoire d’amour avec la montagne.

Né à Toulouse d’un père aveyronnais, Bertrand Vayssettes semblait finalement destiné à vivre en Aveyron. Alors qu’il s’imaginait faire sa vie dans la Ville Rose, c’est à Rodez que Bertrand s’installe pour un stage de fin d’étude. Une destination qu’il ne quittera finalement jamais, transformant cette ville en point de départ de ses nombreuses aventures en montagne. Une arrivée à Rodez qu’il décrit lui-même comme un moment charnière de sa vie.

Un apprentissage étape par étape

Dans un premier temps, Bertrand Vayssettes découvre l’escalade, initié par des copains dans le cadre des cours proposés par la MJC de Rodez.  Les premières prises en salle deviennent rapidement des escalades en plein air, notamment dans les Gorges du Tarn et d’autres sites locaux comme Marcillac. Bertrand se forme petit à petit aux techniques alpines et commence à regarder au-delà des frontières aveyronnaises. Il s’en va pratiquer dans les plus belles montagnes qu’offre le territoire français, telles que les Pyrénées et les Alpes. Avec le temps et l’expérience acquise, l’alpiniste peut désormais s’attaquer à des montagnes de prestige. Il parvient d’abord à gravir le Mont Blanc, avant d’enchainer avec l’Himlung Himal.

« Transmettre c’est plus dur que grimper »

En tant que passionné d’alpinisme et de montagne en général, c’est tout naturellement que Bertrand Vayssettes a choisi de s’engager au sein du Club Alpin Français de Rodez, dont il a même été le président : « Je souhaitais transmettre aux autres ce j’avais appris avec mes amis, partager et essayer de créer une dynamique sur Rodez pour que les gens qui veulent découvrir l’alpinisme puissent le faire ». Ainsi, Bertrand a pu faire part de toute son expérience à un groupe composé de 25 à 30 adultes. D’autre part, lorsque l’on demande à l’alpiniste ruthénois quels conseils il donnerait aux personnes qui souhaitent partir explorer les montagnes, celui-ci répond : « Il faut être au courant des dangers qui peuvent survenir au cours de l’aventure. Un danger n’est pas grave, il faut juste savoir le gérer et accepter de prendre un certain niveau de risque ». Il évoque également l’importance de se former correctement en s’entourant des bonnes personnes, la nécessité de ne pas se précipiter car « parfois ça ne pardonne pas » et insiste sur le plaisir de l’expérience : « On est surtout là pour s’amuser et prendre du bon temps ».

Éduquer aux sports de montagne

Le parcours de Bertrand Vayssettes constitue une véritable source d’inspiration pour encourager les jeunes à s’engager dans des activités en pleine nature. Toutefois, selon lui, « il est essentiel de leur en parler d’abord, car beaucoup ignorent que de telles pratiques existent ». Il mentionne aussi la possibilité de pratiquer des sports alpins, comme l’escalade, dans certains lycées, mais regrette que cette pratique ne soit pas encore suffisamment répandue dans les établissements scolaires. L’occasion également de mentionner le documentaire « Kaizen », sorti en septembre dernier et retraçant l’ascension de l’Everest par le célèbre youtubeur français Inoxtag. Si Bertrand Vayssettes a d’abord souligné l’exploit sportif que représente cette ascension : « Ce qu’a fait Inoxtag est bien. Il a pris le temps de se former, de comprendre ce sport en réalisant d’autres ascensions au préalable, ce qui n’est pas le cas de tout le monde », celui-ci a également alerté sur de possibles côtés négatifs : « Je ne sais pas si c’est la meilleure des pubs. Cela risque de donner envie aux gens d’aller faire ce genre de sommet déjà surfréquenté et pollué ». Un sujet essentiel pour Bertrand, la protection des montagnes étant primordiale. Celui-ci ne cache pas que la pratique de l’alpinisme n’est certainement pas le meilleur moyen d’entretenir ces milieux, mais souligne surtout l’importance que « les mentalités changent ». Partant de son expérience personnelle, il évoque : «  Il y a moins de 10 ans, moi et mon groupe étions la seule expédition dans l’Himalaya tandis que, cette saison, il y avait 900 personnes au camp de base. C’est ça qui me dérange un peu ».

Pas encore rassasié

Aujourd’hui, Bertrand Vayssettes se concentre sur une passion naissante : la voile, qu’il pratique sur le lac de Pareloup, en Aveyron. Il n’en oublie pas pour autant l’alpinisme, avec le projet d’allier ses deux passions pour une aventure unique : « Pour moi, le ski comme le bateau, la voiture ou le vélo sont des moyens d’accéder à la montagne. L’idée est de mixer un peu tout ça pour créer une aventure sur mesure. Pourquoi pas partir en train, continuer en ski, prendre un bateau et aller explorer des endroits très reculés », conclut-il.

Kylian Castro