Hugo Matha, Paris – (crédit : Hugo Matha)
Enfant, il courait dans les vignes aveyronnaises loin des bruits de la grande ville, et pourtant,
aujourd’hui, il sillonne les plus grandes métropoles du monde. Hugo Matha, le jeune designer aux
fameuses pochettes, ouvre aujourd’hui deux nouvelles boutiques, à New York et à Lisbonne.
Hugo aime les métaphores. Sa vie est un peu construite autour de métaphores d’ailleurs. Le
monde viticole a eu une influence décisive sur son sens de l’esthétique, et son lexique est à
double sens pour lui : « la complexité, la fermentation, l’équilibre… tout cela se retrouve dans mes
créations, qu’elles soient textiles ou objets. Le vin, on en parle comme d’une femme, sa robe, etc.
Il y a un langage similaire à la mode ! ».
Le vin, la femme, la vigne, les matières… inspirations métaphoriques
Il est le fils de Jean-Luc Matha, éternellement décrit comme l’enfant du pays, celui qui n’a pas
quitté ses terres pour d’autres horizons, et pourtant tout laisse à croire qu’Hugo, lui, les a quittées.
Mais même en parcourant le monde à la recherche d’inspiration et de nouvelles cultures, il ne
faillit jamais aux traditionnelles vendanges, et est aujourd’hui le propriétaire du domaine Matha.
Jean-Luc Matha avait dit ne traiter que peu ses vignes, « le meilleur insecticide que je connaisse,
ce sont les coccinelles ». C’est un peu cet amour de la terre, trop grand pour l’abîmer, que l’on
retrouve dans le travail et le parcours de son fils.
Dès ses dix-huit ans, il part à la conquête du monde avec une expérience à Shanghai. Il gérait à
lui seul 300 personnes, et pourtant, il n’a pas pris le melon. « Ne pas devenir un petit con, c’est
une question de garder une certaine humilité et de se souvenir d’où l’on vient ». L’explorateur de
33 ans a ensuite migré vers la ville Lumière, mais aussi vers l’Asie, le reste de l’Europe, et ailleurs,
mais tout en gardant la tête en Aveyron. « Je suis un peu un nouveau genre de nomade » m’écrit-
il.
Des objets d’une vie, un héritage
On connaît Hugo Matha pour ses pochettes, qui ont fait sensation à la Paris Fashion Week de
- Taillées dans de la pierre, du bois, et même du Plexiglas, des matériaux qui cassent les
codes de la mode et font réagir, elles sont représentatives de la voie qu’il avait choisie à l’époque,
friand de l’artisanat, et aujourd’hui il suit encore ce chemin. Les matières sont pour lui le langage
par lequel il peut exprimer une émotion, une texture, une sensation.
« Le vêtement ou l’objet ne doit pas être contraignant. » C’est le credo d’Hugo, et il aimerait que
quelqu’un qui porte du Hugo Matha, sa marque, se sente d’abord confortable et libre, bien dans
sa peau. L’idée est de créer des extensions de soi, qui durent une vie, que l’on peut et que l’on
doit transmettre par la suite.
Le Grand Hugo Matha Hôtel, un rêve devenu réalité
Aujourd’hui, Hugo est toujours en proie au feu de ses projets, avec une nouvelle entreprise, Form-
uni, dédiée à la création d’uniformes et d’objets pour des hôtels de luxe et des compagnies
aériennes. Ce projet part d’une histoire folle, datant d’il y a maintenant 7 ans. En rêvant à voix
haute à la table d’un café où trainaient des oreilles haut-placées, il est mandaté par l’hôtel de
Crillon pour confectionner les uniformes de l’ensemble du personnel. Le savoir-vivre à la française
mélangé au parisien dont Hugo est fou amoureux ont donné naissance à des créations qui ont fait
leur effet.
Il relance aussi sa marque, Hugo Matha, en prenant le biais de l’unisexe : « je veux proposer une
mode intemporelle, axée sur une qualité exceptionnelle, et qui soit à la fois moderne et
inclusive ».
Joseph Busuttil



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