Qui aurait cru qu’un village aveyronnais d’un peu plus de 2 000 habitants puisse abriter le premier marché bovin de France ?

Chaque mardi, à Laissac, éleveurs et acheteurs se retrouvent autour du foirail, véritable institution agricole. Mais depuis plusieurs semaines, un mot revient dans toutes les conversations : la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Aucun cas n’a encore été détecté en Aveyron, mais les conséquences économiques se font déjà sentir
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Mardi 4 novembre, dans la pénombre matinale, les premiers camions de bétail commencent à s’aligner autour du foirail de Laissac, annonçant le début d’une nouvelle journée de marché. Si le format actuel se perpétue depuis bientôt cinquante ans, il faut remonter au XVIe siècle pour trouver les premières traces de mise aux enchères de bétail sur la commune. Une tradition locale peu à peu devenue référence à l’échelle nationale, le marché aux bestiaux de Laissac étant aujourd’hui considéré comme le marché bovin le plus important de France. Ce succès est rendu possible grâce à une organisation minutieuse assurée par la mairie, avec l’appui des élus et des employés. Dans les allées, les négociations entre acheteurs et éleveurs vont déjà bon train pour les vaches de boucherie. Il est 8h30 lorsque David Minerva, responsable du marché et maire de la commune, décide de prendre le micro pour annoncer l’ouverture des enchères pour les bêtes d’élevage. Les animaux, provenant du sud de la Loire jusqu’à la vallée du Rhône, attirent le regard des acheteurs. Ce matin-là, ils sont 458. Un chiffre impressionnant, pourtant loin de refléter les plus belles heures du marché. Cela n’a échappé à personne : certaines boxes sont complètement vides.

Une reprise progressive

Le marché de Laissac reprend progressivement vie, mais vigilance et prudence restent de mise. Entre inquiétude pour les ventes et crainte d’un retour du virus, la reprise se fait progressivement.

Le brouhaha du marché reprend peu à peu, mais les visages restent soucieux. « Aujourd’hui, les bêtes d’élevage sont toujours peu nombreuses. Les éleveurs sont dans l’expectative, dans la crainte de mal vendre leurs veaux. Certains n’ont peut-être pas non plus anticipé la vaccination préalable à l’exportation », explique David Minerva, pour justifier les boxes encore vides malgré la réouverture. Il ajoute : « Il y a aussi la question de savoir si la maladie va repartir. Si jamais un éleveur amène des bêtes, ne les vend pas, et les ramène chez lui, elles peuvent potentiellement contaminer les autres. Encore ce week-end, des troupeaux ont été abattus dans d’autres régions. Le marché doit se remettre en route progressivement ». Les éleveurs et la municipalité travaillent main dans la main pour préserver à la fois la tradition et la sécurité sanitaire, un équilibre fragile mais essentiel pour l’avenir du marché et des troupeaux.

Plus d’articles à retrouver dans le n°0 du magazine Le 12ᵉ Regard.

Écrit par Kylian CASTRO, Candice LAVAL, Anaëlle TERRIER et Héloïse MARSIS

Mardi dernier, les vaches d’élevage ont retrouvé leurs boxes progressivement sur le marché de Laissac. (Photo : Anaëlle TERRIER)