Les Squatteurs du blues ont utilisé la musique comme refuge. Ce groupe d’usagers de la psychiatrie compose, chante et slamme pour partager leurs histoires. Leur but est de rompre le silence, défier les stéréotypes et démontrer que cela peut être une forme de guérison.
Qui êtes-vous et quelle est votre place dans le groupe ?
« Moi c’est Jérémy, je suis dans les Squatteurs depuis 2019. Mon rôle, comme un peu chacun ici, c’est de chanter et d’écrire nos propres paroles. On est ouverts à tous les styles musicaux, on n’a aucune barrière de ce côté-là ».
« Moi c’est Rosie, membre depuis janvier 2025, dans le groupe, je chante et je slamme. Nous sommes une douzaine, un vrai noyau dur ».
«Bonjour, c’est Sylvain, membre depuis la création en 2016, quand Jean-François, musico-thérapeute a voulu réunir des patients passionnés de musique pour la Fête de la Musique ».
Qu’est-ce qui vous a amené à créer ce groupe ?
« À la base, c’était juste pour faire de la musique entre nous, des reprises, pour la Fête de la Musique devant le CRS. Et puis le COVID est arrivé… On s’est mis à écrire, à chanter, à raconter nos histoires. Au départ, on voulait juste faire un CD, et on a fini par sortir un double album, de 23 chansons ». (Jérémy)
« Pendant le COVID, j’ai ressenti le besoin d’écrire. J’étais isolé, enfermé avec ma maladie, la schizophrénie. La musique a été une bouffée d’air, une thérapie ». (Jérémy)
Qu’est-ce que le groupe vous a apporté personnellement ?
« Les Squatteurs, c’est plus qu’un groupe, c’est une bande de potes. On peut tous compter les uns sur les autres. Ça nous sort de notre zone de confort, on fait des concerts, on voyage… On se sent exister ». (Rosie)
« On est tous passés par des moments sombres, mais ici, il n’y a pas de jugement. On se comprend, on écrit nos histoires, on les partage. C’est une vraie thérapie collective ». (Sylvain)
« Écrire et réécouter mes textes, c’est comme exorciser le mal. Ça m’aide à mieux me connaître, à prendre du recul ». (Jérémy)
Avez-vous conscience de représenter une autre image de la psychiatrie ?
« Oui, clairement. On montre que le rétablissement, c’est possible. Qu’après la maladie, on peut s’en sortir, créer, partager. On a même été invités à parler dans une conférence avec des psychiatres et dans des écoles ». (Jérémy)
« Nous voulons déstigmatiser la maladie mentale et rappeler que la psychiatrie doit être plus humaine. “Prendre soin, c’est écouter, pas seulement soigner » » Nous dit Rosie. Les gens oublient souvent que derrière un trouble, il y a une personne, une histoire. Nous, on essaie de le rappeler avec nos chansons ». (Rosie)
Quels sont vos rêves et vos projets à venir ?
« Continuer à témoigner, à sensibiliser, à montrer qu’on peut se reconstruire. Si on peut aider ne serait-ce qu’une seule personne à travers notre musique, alors on aura tout gagné ». (Sylvain)
« Et pourquoi pas un jour, créer Les Squatteurs du Monde ou de l’Europe ! Parce que ce qu’on vit ici, ça devrait exister partout ». (Rosie)
Pour en découvrir plus sur le groupe : https://www.youtube.com/@LesSquatteursduBlues
Et les plus curieux venez consulter notre magazine en kiosque, à partir du 10 novembre 2025.
Par Alison Lipari, Baptiste Chazarin, Enora Croguennoc et Zoelia Daures.
Crédit photo : Ennora Croguennoc



Laisser un commentaire