
Passer d’un poste chez Louis Vuitton à un emploi de chauffeur de bus, arrêter sa carrière d’hôtesse de l’air pour ouvrir son salon de massage ou encore devenir aide-soignante, anciennement décoratrice sur porcelaine. De nos jours, la reconversion professionnelle chez les adultes devient presque une tendance, mais n’est pas forcément évidente pour tous. Frédérique, âgée de 48 ans, a décidé de quitter la fonction publique pour reprendre un commerce de centre-ville.
Frédérique a travaillé pendant près de 20 ans pour l’éducation nationale, en tant que professeure des écoles. Après avoir tout donné en ce qui concerne la classe, les élèves, les parents d’élèves, une hiérarchie très présente, il est temps pour elle de tourner cette page. “Il m’a semblé opportun d’ouvrir une autre porte pour ma santé physique et morale” assure-t-elle. Frédérique voit qu’elle n’est plus heureuse dans ce métier et décide alors de se réorienter, malgré son âge. “Il faut franchir le cap parce que c’est important de savoir pourquoi on se lève le matin, un travail ça devrait toujours être fait avec grand plaisir. J’ai eu des années de grands plaisirs dans l’éducation nationale, mais ça n’était plus le cas sur les dernières années, donc je pense qu’à un moment il faut oser, tout simplement.” confie-t-elle. Cependant, il est vrai que la fonction publique est garante d’un poste à vie et assure à ses travailleurs de ne pas se retrouver au chômage. A cause de cela, Frédérique a dû affronter et encore aujourd’hui le regard de la société. “Les gens ne comprennent pas toujours ce changement, ils verraient plutôt de l’enseignement à distance, des cours personnalisés, ils aimeraient qu’on reste dans notre case, celle pour laquelle on a fait nos études et nos concours.” ajoute la mère de famille, qui n’a vraisemblablement pas peur du risque. Elle s’apprête à reprendre un commerce de centre-ville, domaine d’autant plus instable actuellement, à cause de la crise sanitaire à laquelle fait face la France depuis mars 2020. De plus, l’attractivité des centres-villes se meurt peu à peu.
Cliente régulière d’une cordonnerie de sa ville, elle s’intéresse à ce métier. Au fil des échanges avec Philippe le cordonnier, elle apprend qu’il cherche un repreneur pour pouvoir partir à la retraite et continuer à faire vivre un petit commerce de centre-ville. Frédérique saisit alors l’occasion et souhaite réaliser la même formation que lui. Il est vrai que la fonction publique offre des possibilités de reconversion professionnelle, mais ce n’était pas ce que recherchait l’ancienne enseignante. “J’ai cherché un métier où je sois ma propre patronne, où je prenne moi-même mes décisions, où je sois plus dans la maîtrise de mon projet. Je cherchais à exprimer plus ma créativité, mon côté manuel. », confie-t- elle. Dans un premier temps, il lui a fallu trouver les financements afin de pouvoir mener son projet à bien, ce qu’elle qualifie de « premier cheval de bataille”. Ne possédant pas d’aides de pôle emploi ni d’indemnités chômage, elle passe par l’AGEFIPH, l’organisme France Active et bénéficie d’une subvention de sa région, l’Occitanie. Aujourd’hui titulaire de la certification de Cordonnière Multi-services, passée à l’AFPA de Romans-sur-Isère qui est la capitale de la chaussure, la future cordonnière cherche à “boucler le financement pour pouvoir signer, faire des travaux et commencer à ouvrir ma boutique”, dit-elle avec hâte. “Je suis contente, fière de moi, fière du chemin que j’ai parcouru, maintenant il va falloir que je mette en pratique mes savoirs, je sais qu’au début ça va être un peu compliqué, mais je pense qu’on a rien sans rien.” conclue-t-elle en remerciant sa famille de l’avoir soutenue.
Luna Negre
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