Julien Moncel, alias Julk, avec son jeu Affamés à la bibliothèque de l’IUT de Rodez, le regard  tourné vers ses futurs projets. (photo: Loan Rouillé)

Alors que les fêtes de Noël approchent, les jeux de société prennent de plus en plus de place dans les foyers des Français. L’occasion idéale pour partir à la découverte de Julien Moncel, créateur du jeu à succès Affamés.

Julk, c’est sous ce pseudo adopté durant ses années à la fac que Julien Moncel se fait appeler dans le monde des jeux de société. Auteur du jeu Affamés, sorti en février 2023, ce père de famille de quarante-six ans, passionné de jeux depuis son enfance, jongle entre sa double vie de maître de conférences à l’IUT de Rodez et de créateur de jeux.

« Une passion perso en tant que joueur depuis l’enfance »

Cette passion pour les jeux de société l’accompagne depuis l’enfance, époque où il inventait déjà ses propres divertissements ! À la fin des années 90, les loisirs de société dits « modernes » émergent en France. Ces activités privilégient alors la réflexion et l’interaction, créant une dynamique nouvelle qui attire un public plus adulte et rend ces expériences plus stratégiques et collectives. Des références comme Les Colons de Catane ou Méditerranée marquent cette révolution. Ce tournant dans l’univers ludique a profondément marqué Julk : « Je commençais mes études à la fac au moment de l’explosion des jeux modernes. J’étais passionné et je me suis dit : ‘Ça, c’est un univers qui me correspond, qui rejoint ce que j’aime et ce que j’imagine.’ »

Les activités ludiques ont aussi marqué sa vie professionnelle. Après des études en mathématiques et en sciences, allant jusqu’au doctorat, Julien Moncel est aujourd’hui maître de conférences et directeur des études dans le département QLIO (Qualité, Logistique Industrielle et Organisation). Même dans ce domaine, ces activités restent présentes : « C’est quelque chose que j’ai retrouvé dans l’enseignement. En démarrant ma carrière d’enseignant, j’ai été intégré à des équipes pédagogiques où je voyais avec plaisir que le ludique pouvait avoir sa place. » Ces pratiques ont également joué un rôle dans sa qualité de chercheur, où il a été amené à réaliser des recherches sur des jeux combinatoires, des jeux de stratégie où les joueurs prennent des décisions sans hasard, en cherchant à optimiser leurs actions pour surpasser l’adversaire.

« Qu’est-ce qui se passerait si tu poussais le truc à fond ? »

Aux alentours de la quarantaine, il décide, après plusieurs années, de se lancer dans le processus, voyant que toutes les conditions, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, étaient réunies pour tenter l’aventure. Passionné par les jeux de société, il nourrit cet engouement en tant que membre du club ludique de la Maison des jeunes et de la culture de Rodez (MJC). C’est dans ce cadre qu’il fait une rencontre déterminante : Fabien Tanguy, un auteur confirmé dans le milieu, reconnu pour ses mécaniques originales et ses univers immersifs. Ce dernier l’encourage à partager son idée de jeu, qu’il commence à présenter lors du festival Prototix, un événement dédié au prototypage de créations ludiques. Lors de ce festival, il remporte le prix du public, une récompense qui le motive à approcher les professionnels du secteur pour concrétiser son projet et publier son jeu.

S’ensuit un long processus de publication, durant lequel il faut convaincre des éditeurs de publier son idée, parfois en la modifiant en fonction des différents conseils reçus. Une fois un éditeur convaincu, l’étape des négociations commence. Ensuite, l’éditeur prend en charge le travail éditorial, suivi de la phase de fabrication. Enfin, le jeu est publié dans plusieurs enseignes ou sur Internet.

Ces événements qui l’ont poussé à publier un jeu, il peut les remercier aussi pour son imagination débordante, ses différentes inspirations (auteurs, voyages), mais aussi pour sa famille, un facteur important dans la création de ses œuvres. En effet, sa famille est ses premiers testeurs, mais aussi une des raisons de son processus créatif : « La période où j’ai commencé à créer des jeux, j’avais deux de mes enfants qui étaient à un âge où ils appréciaient de jouer en famille et où ils avaient une part prenante dans mes projets ludiques. Mes idées étaient en lien avec ce qu’ils aimaient, les thèmes et mécaniques qui les plaisaient, et je créais des choses dans ce sens. »

Une réussite prometteuse pour la suite

La sortie de son jeu Affamés fut un splendide succès ,« Il s’est très bien vendu, voire trop bien vendu », de quoi annoncer un avenir encourageant pour ce créateur. D’ailleurs, ce dernier possède plusieurs idées, une dizaine même, mais un projet retient particulièrement son attention. Un projet qui tire son origine d’une activité donnée par un enseignant à son enfant durant la pandémie de COVID-19… À suivre !


Par Loan Rouillé