C’est à vingt minutes de Rodez que se trouve l’un des trois maires d’origine africaine de France. Son parcours n’est pas le plus simple, il est encore difficile de nos jours pour une personne noire de se faire une place dans la vie publique.
C’est depuis son petit village de presque 600 habitants que Simon Worou a fait parler de lui. Connu localement pour ses origines et son investissement au sein du village, il le devient nationalement suite au reportage sur France 2, « Complément d’enquête ». Ce reportage mettait en avant la suprématie blanche ainsi que la montée du racisme aux Etats-Unis transposées en France.
A Ste Juliette on le remarque pour son implication dans les associations, notamment au rugby. D’abord joueur puis entraineur, c’est la difficulté qui pousse Simon Worou à s’investir autant. De lui-même il a l’instinct de faire bouger les mentalités, s’inscrire au rugby était pour lui une manière de faire accepter ses origines. Le rugby lui permet alors de partager ses valeurs, « recevoir et donner ». Après avoir connu la misère de son pays d’origine, ce rugbyman d’origine togolaise profite de chaque instant qui lui est donné, « tout ici est bien pour vivre ». De fil en aiguilles, il devient une célébrité au sein du village et souhaite se présenter aux élections municipales, « il fallait que ça arrive ».
Être maire pour lui c’est la fierté d’être accepté et de représenter, « c’est une transgression ». Il estime avoir de la chance et se sent bien dans son environnement, décomplexé, il admet avec beaucoup d’humour qu’il s’identifie tellement dans les autres qu’il s’étonne lui-même d’être noir. Le maire de Ste Juliette avait pour habitude d’être toujours en avance et la sagesse qui l’a acquise lui permet de prendre plus de recul et de se mettre à la disposition des autres.
Sa sagesse a également permis à cet homme de se défendre contre le racisme, même s’il est conscient qu’il y en aura toujours. Il dit de la dernière génération qu’elle a un avenir moins extrémiste, plus porté sur la tolérance. Selon lui, les efforts sont à faire des deux côtés pour progresser contre le racisme. C’est une responsabilité collective, « il faut vivre dans les règles communes de la société pour ne pas subir le racisme, toutefois il ne faut pas arrêter de se battre, l’agression disparaitra ».
« Il y a deux catégories de racistes, ceux qui sont catégoriques et ceux que l’on peut convaincre. Ce qu’on peut faire c’est faire tomber les barrières qui sont à notre portée ».
Roxanne Dupouy – Ambre Vergniol
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