Bernard Cantala a 84 ans. Pendant 30 ans de sa vie, il s’est baladé nu. Bernard était naturiste. Il porte un regard nostalgique sur ce mode de vie qui lui semble avoir évolué. 

L’octogénaire raconte : “Dans un camping du Cap d’Agde, il y avait des douches communes. Un jour, j’étais à côté d’une superbe fille mais à aucun moment, je n’ai pensé avoir quelconques gestes sexuels contrairement à certains hommes. Durant mes années de pratique, j’ai pu observer un homme qui a eu une érection en regardant une femme naturiste. Cet homme n’était pas un vrai naturiste”. Dans le vrai naturisme, le corps n’est pas sexualisé. 
Les gens ont tendance à confondre naturisme et sexualité, naturisme et nudisme. En réalité, la conception qu’en a Bernard Cantala est bien différente : rien, selon lui, ne relie vivre avec la nature et pulsions sexuelles, vivre librement et vivre en s’exibant.  Il trouve que c’est le maillot de bain qui sexualise la personne plutôt que sa nudité.

Le naturisme, selon lui, se caractérise par une volonté d’être libre, de supprimer la barrière sociale accrochée aux vêtements et de se sentir léger tout en étant au contact de la nature. Il confirme : “ Être naturiste, c’est mettre tout le monde sur un même pied d’égalité. On a affaire à n’importe qui sans savoir que c’est un ingénieur, un ouvrier ou un prêtre. C’est des gens qui sont là, c’est tout ”

Bernard et sa femme se sont liés d’amitié avec des gens venant du monde entier dans les lieux de pratique. L’écoute, l’harmonie, ainsi que le contact auprès des autres étaient des valeurs au rendez vous au camping de l’Albrade dans le Lot, lieu principalement fréquenté par les amoureux de la nature. Endroit isolé, ils pouvaient pratiquer sans déranger dans un terrain immense et boisé, endroit bien différent de la plage où il a découvert par hasard le naturisme. Aujourd’hui, le couple n’est plus naturiste pour des raisons qui leur sont personnelles, mais ils parlent de cette époque avec nostalgie. 

“Je ne sais pas si aujourd’hui c’est du vrai naturisme” 

Il se rappelle les règles de bienséance qu’il y avait au sein de cette communauté : les naturistes ne se rendaient jamais à une invitation sans serviette pour s’asseoir chez les autres. Ils devaient avoir une hygiène irréprochable qui témoignait d’une certaine discipline dans cette collectivité. Bernard affirme “ c’est une société plus rigide que celle des gens qui s’habillent, il est même nécessaire d’avoir une carte d’identité spéciale pour rentrer dans les campings naturistes “. Cette carte doit disposer du timbre d’une association représentative de cette communauté. 

Aveyron Plein Soleil” était la seule association naturiste dans le département. Le couple n’a pas tardé à l’intégrer dans les années 90, pendant leur retraite. Bernard est devenu président de cette association pendant une dizaine d’années. Il évoque les jugements de la population aveyronnaise face au naturisme. Ce manque d’ouverture d’esprit a d’ailleurs fait échouer le projet de créer un lieu pour accueillir les adhérents de l’association. Ce projet n’a pas abouti mais ce n’est pas pour autant que les adhérents ne se réunissaient pas pour manger des soupes d’orties, parler des prochaines sorties au camping de l’Albrade…

Bernard confie : “j’imagine que dans la société actuelle où les mentalités ont évolué, la pratique du naturisme ne serait plus tabou comme à l’époque.”

Justine Azais et Céline Castan