La ville de Decazeville a accueilli la troisième session de son festival de street art, Murmurs, fin octobre début novembre dernier. L’ancienne ville minière propose l’art majeur du 21e siècle à tous ceux qui sont friands de ces dessins muraux.
En parcourant les rues de Decazeville, on peut vite s’apercevoir que c’est une ville atypique. L’agglomération vient de terminer sa troisième session de son festival de Street Art “Murmurs”. Cette fois-ci les graffeurs se sont retrouvés proche de la fresque de Kouka située proche du site industriel. La municipalité a proposé aux graffeurs 12 murs mobiles qui vont rester jusqu’en début d’ année prochaine. La session s’est déroulé en plusieurs étapes. D’abord avec l’intervention de Saype, graffeur faisant partie des jeunes de moins de 30 ans les plus actifs dans le monde de l’art. Du 7 au 15 octobre il a réalisé une oeuvre monumentale poétique et enfantine sur l’ancienne mine à ciel ouvert. Il a été suivi de deux vagues de street artistes. Ces murs ont été créés par l’entreprise locale d’énergies renouvelables Ondulia qui en voyant l’engouement du renouveau ont voulu participer à ce festival. Ils ont eu cette idée de créer des murs mobiles car c’est de plus en plus dur pour les artistes de graffer, il y a un manque d’espace dans les villes.
La création de ce festival est issue de coïncidences heureuses remontant à 2017. Nicolas Viala travaillant à Decazeville Communauté dans la médiation culturelle et sociale, rentre de ses vacances à l’étranger où il a fait différents parcours street artistique. Il a vu le lien culturel et social que cet art pouvait générer. Proche des locaux où il travaille, Jo Di Bona a graffé un gorille sur un mur. Monsieur Viala a été touché par l’œuvre et a cherché qui pouvait l’avoir réalisée. Il a retrouvé l’artiste et s’est rendu compte que c’est un artiste incroyable. Ils se contactent et l’instigateur de cette festivité parle de la possibilité d’un événement autour du street art. C’est ainsi que le festival est né.
Durant chaque session, la ville a accueilli de 10 à 11 artistes, dont les œuvres sont visibles un peu partout dans la ville. La carte du parcours est disponible sur le site de Decazeville Communauté ou sur les dépliants du festival. L’un de leurs principaux intérêts du festival est de créer une relation entre l’humain et l’artistique. Certaines fresques ont reçu des prix comme celle réalisée par Astro qui est considérée comme l’une des 5 fresques les plus impressionnantes au monde.
Les artistes n’ont jamais été soumis à un thème afin de laisser la libre expression de leur oeuvre artistique. Ils font une confiance absolue aux artistes qui sont pour n’en citer que quelques-uns Iljin, Kinmx, Alber, Hopare ou encore MTO. Néanmoins, la municipalité a raconté l’histoire de Decazeville dans la possibilité où les artistes veulent l’exploiter pour leurs fresques. Decazeville a choisi des artistes connus mondialement et de qualité. Elle a beaucoup réfléchi à l’emplacement des murs et le choix des artistes afin de trouver des styles, techniques différentes. Son souhait est de montrer la diversité de cet art qui peut se trouver dans la peinture, le collage et dans des expressions différentes puisqu’il y a de l’abstrait, des animaux, du réaliste, des illusions d’optique…
Pour la ville, c’était intéressant de travailler le street art car ce sont des œuvres éphémères qui ne vivent qu’une dizaine d’années (et quelques semaines pour Saype) ce qui permet de vivre l’instant présent.
Les habitants ont eu quelque appréhension mais en voyant les graffeurs travailler, leurs doutes se sont envolés. Cet art est souvent décrié et très peu connu, donc cela a apporté une valeur culturelle à la population de Decazeville. La communauté a fait une médiation forte autour de l’oeuvre en sensibilisant les enfants par exemple. Les habitants sont fiers d’habiter cette ville. Le street art a permis de valoriser le territoire grâce à un art actuel fort, moderne et dynamique. Decazeville a su créer un évènement fédérateur, populaire, gratuit et accessible à tous. Cela a rendu la ville unique et efface les connotations négatives qu’elle a avec son passé minier avec de la couleur partout.
Ce festival augmente le partage culturel que promeut l’Aveyron avec ses plus beaux villages de France ou son travail avec l’art contemporain à Rodez. Decazeville est devenue une destination de street art. La ville est apparue dans la presse locale mais également spécialisée avec le magazine Stuart Magazine qui rapporte les nouvelles dans le monde du street art.
Elle peut désormais abandonner fièrement son ancien surnom de “Ville Noire” pour la “Ville du Street Art”.
Alexandra Poivet et Noémie Gava
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