Le football féminin s’est démocratisé ces dernières années. La finale de la Coupe du Monde de football de 2019 a été suivie par 6 millions de téléspectateurs en France. Doriane Pau, 22 ans, est une joueuse du Rodez Aveyron Football (RAF) où elle occupe le poste de milieu de terrain. Rencontre. 

Doriane, passionnée de football depuis l’âge de 6 ans, est actuellement étudiante en Master gouvernance des relations internationales à Sciences Po Toulouse.

Sa soif de découvrir le terrain vert est née lorsqu’elle regardait son grand frère jouer le week-end.  Elle a voulu devenir à son tour joueuse de football et elle a eu la chance d’intégrer une équipe féminine à 10 ans « ce qui est relativement tôt comparé à d’autres joueuses » précise-t-elle. Doriane a été recrutée par le RAF il y a deux ans, après avoir pratiqué au Toulouse Foot Club pendant 10 ans. Le club aveyronnais descendait à cette époque en deuxième division. Sa famille l’a toujours soutenue dès ses débuts dans ce sport.

La joueuse du RAF n’a jamais été confrontée au sexisme lorsqu’elle était enfant ni  aujourd’hui comme adulte. Le football a été pendant très longtemps un sport essentiellement masculin mais une évolution est en marche grâce, entre autres, aux bons résultats obtenus par l’équipe de France. La retransmission des matchs féminins à la télévision pour les grands tournois montre toutes les qualités techniques et physiques des joueuses et l’intérêt des spectateurs devient croissant. Malgré cela, certains médias jugent encore le football féminin inintéressant et ennuyeux, mais Doriane affirme qu’il ne faut pas se focaliser dessus. Pour elle, la plupart des gens « éprouvent du plaisir à voir une autre pratique du football ».

Doriane pense qu’être vue, ce n’est pas pareil qu’avoir un réel soutien donc il faut faire la différence entre les deux. Parfois on peut croire à un engouement mais peut-être que les gens ne sont pas aussi enjoués qu’on peut le croire. ».

La joueuse qui soutient l’équipe anglaise Arsenal, est fière que les filles soient de plus en plus soutenues et reconnues par le public. Dans l’équipe de Doriane, certaines de ses coéquipières  sont sélectionnées en équipe de France jeunes ou à l’étranger. Si une majorité des joueuses font des études ou travaillent tout en jouant au football, c’est parce qu’il est aujourd’hui très difficile d’en vivre. Pour l’instant, le football en deuxième division, comme le RAF, reste un loisir. Elle alterne entre les entraînements pendant deux heures tous les soirs de la semaine, les matchs le week-end, les cours et les révisions pour ses études. Dans le futur, Doriane souhaiterait se diriger dans le « secteur du sport à l’international ». C’est aussi la raison pour laquelle, la joueuse du RAF pense que le football séduit de plus en plus: « il n’y a pas ce côté argent du football masculin ».

Les filles de deuxième division sont moins médiatisées que les garçons. L’équipe de Doriane a fait un match qui a été télévisé l’année dernière lors de la Coupe de France face au Paris-Saint-Germain, c’était nouveau et un réel plaisir pour les familles. Doriane pense que cela « ne change pas grand-chose, c’est mieux d’avoir du public dans les tribunes ! ». Pour elle, il n’y a pas de différence par rapport aux garçons au sein du club. Lors des matchs « le Président et le Directeur Général viennent nous soutenir tous les week-ends ». Il n’empêche que l’équipe masculine de ligue 2 de Rodez est considérée comme professionnelle alors que celle de Doriane ne l’est pas. Les filles conservent quand même beaucoup d’ambitions pour devenir professionnelle dans les années futures. Si l’an dernier elles n’ont pas atteint l’objectif d’arriver en première division, elle parle de ses coéquipières comme « des joueuses compétitrices ». Elles souhaitent atteindre le meilleur des niveaux mais tout en regardant, comme elle l’explique, « match après match ». Actuellement troisièmes du classement de deuxième division, l’entente règne au sein du groupe et les nouvelles recrues sont toujours bien accueillies.

Doriane, également passionnée de lecture, de culture et de voyage, encourage les filles intéressées par le football qui n’osent pas se lancer dans ce sport à « suivre ses envies, ses passions. Il ne faut pas avoir peur et au contraire il faut s’assumer en tant que fille sportive. Le football est un très bon sport pour ça ! ».

Laurie BRUNNER