Filippo De Dominicis, comédien, professeur et metteur en scène raconte son histoire et comment le théâtre a changé sa vie.

Quelques mots. Une expression de visage. Un regard tourné vers la lumière éblouissante des projecteurs. Un public dans le noir, bercé par les répliques du comédien. C’est ainsi que Filippo De Dominicis a décidé de vivre sa vie.

“Ce que j’apprécie beaucoup dans le théâtre, c’est qu’il transforme la réalité de par un geste presque magique”, confie Filippo De Dominicis. C’est sur ces mots qu’il aborde ses expériences et son métier. Né en Italie, il admire certains maîtres du théâtre tels que Claudio Morganti, Romeo Castellucci, et depuis qu’il est arrivé en France, Peter Brook. Une inspiration pour lui, il souhaite faire du théâtre sa vie. C’est en commençant par des études dans le cinéma qu’il se forme aussi au 5ème art. Grâce à ses nombreuses rencontres, il finit par faire ce qu’il aime. Allant de l’écriture à la mise en scène, il enseigne aux jeunes comme aux adultes l’art du théâtre, à travers les compagnies qu’il dirige et ses cours au Conservatoire de l’Aveyron. 

Si pour lui le théâtre est une passion, c’est tout simplement parce que, selon lui, c’est l’art le plus résistant qui existe. “Il y a eu du théâtre même dans les camps de concentration”. Le théâtre n’est pas fixe, et Filippo De Dominicis l’affirme “Pour faire du théâtre, il suffit de très peu, ce qu’il faut c’est un acteur au minimum, un spectateur au minimum et un espace symbolique qui devient une scène”. Universel, même si pour lui le théâtre demande une certaine formation, il suffit parfois simplement d’y mettre son cœur et d’y croire. Il pense aussi qu’il serait important que les productions en France réalisent des spectacles moins chers et plus légers en travaillant plus sur l’idée qu’avec le théâtre, tout est possible. N’étant pas né en France, il compare et affirme que les Italiens ont plus le goût de l’innovation et du risque, même si la précarité du métier, dans ce pays frontalier, est incontestable.

Son arrivée en France n’est pas un hasard. Si des raisons privées expliquent sa venue, il sentait que son travail en Italie commençait à stagner. Il décide donc de créer, avec Pierre-Benoît Duchez, la compagnie Tempo Théâtre. Tempo. Un rythme. Une cadence. Un moment précis dans le temps. Le souffle consumé dans un présent partagé entre l’acteur et le public. Conscient de l’importance de l’instant présent, il profite du temps pour s’adonner à de nombreux projets. Il conçoit et réalise le festival Errances à Conques en partageant la direction artistique avec Anne Pinson. Il écrit, met en scène, dirige, enseigne et joue. Sa polyvalence lui a permis de toucher à plusieurs domaines et de faire de nombreuses collaborations, notamment avec l’artiste illustratrice Anaïs Massin, et le compositeur violoniste Christian Clavère.

Cependant, ses nombreuses expériences ne l’empêchent pas de toujours se cultiver. “J’apprends de mes élèves”. Ce n’est pas par défaut qu’il décide d’enseigner au Conservatoire ou autrefois à la MJC de Rodez. Les cours qu’il dirige sont pour lui un échange. Il apprend autant qu’il enseigne. Et c’est par ses méthodes, qu’il qualifie lui-même d’“hérétiques”, qu’il partage son savoir et ses expériences à ses élèves. Il définit le théâtre par une “forme d’art qui n’a pas d’obligation académique”. Pour lui, le texte est subordonné au corps « C’est le texte qui sert l’acteur ». La forme est aussi importante que le fond, c’est souvent ce que le public cherche et comprend. S’il est mal interprété, même le plus beau texte jamais écrit perd tout son sens et sa beauté. Vision que le comédien souhaite transmettre à ses élèves.

Aujourd’hui, plein d’ambitions et d’idées, Filippo De Dominicis garde le rythme en rêvant d’avoir, un jour, son propre théâtre.

Clarisse Forestier