Astrid Turchetto et Solène Brunner sont deux infirmières qui luttent au cœur de la Covid-19. La première travaille dans le service de réanimation de l’hôpital d’Arles et la seconde est affectée dans l’unité du drive COVID-19 du CHU de Toulouse. Elles racontent leur quotidien, désormais rythmé par l’épidémie mondiale.

Cela fait maintenant plus de 2 ans qu’Astrid est affectée dans le service de réanimation. Elle explique que le coronavirus n’a pas changé son travail, même si les conditions sont différentes. Lorsque des personnes apprennent de quel service elle s’occupe, leurs réactions lui donnent l’impression qu’ils ne se rendent pas compte de la difficulté du métier réalisé par ses collègues et elle, même avant l’épidémie mondiale. Plus particulièrement, elle pense que le gouvernement ne comprend pas. Elle est heureuse que tous les membres du corps hospitalier aient  obtenus une augmentation de salaire. Mais le travail effectué au quotidien par ses collègues affectés au service de réanimation, ainsi que toutes les tâches et responsabilités auxquelles ils font face les  poussent  à continuer de se battre pour une prime qui leur serait propre. 

L’organisation au sein du service a été modifiée. Ils avaient déjà un système de roulement de “grandes” et “petites” semaines, qui continue d’être utilisé. Pendant les “grandes” semaines, les infirmiers travaillent au maximum 60 heures. Pour aider les trois infirmières et deux aides soignantes du service, deux nouvelles infirmières et une aide soignante ont été affectées dans leur équipe. Le nombre d’infirmières n’est pas le seul à avoir augmenté : le nombre de lits aussi. Initialement, le service comprend neuf lits, désormais tous dédiés à recevoir des patients atteints par la Covid-19. Le bloc opératoire ayant cessé de fonctionner, six lits supplémentaires ont été libérés pour les autres patients pas atteints par le virus. 

Cela fait désormais plusieurs mois que tous les lits sont en permanence occupés et que des mutations vers le CHU de Marseille ou d’autres hôpitaux de la région, plus équipés, sont organisées. Les personnes âgées de plus de 80 ans ne sont pas admises dans le service réa par manque de place, le corps soignant essaie donc de les placer dans d’autres services. 

Quand Astrid compare les deux vagues de la Covid, elle explique que lors de la première, l’hôpital d’Arles a été moins touché que d’autres régions, même si certains jours ont été très compliqués. Lors de la vague actuelle, le service de réanimation est en permanence complet et accueille des personnes plus jeunes que lors de la précédente. Le patient le plus grave qu’ils aient eu à ce jour était aussi le plus jeune, un homme âgé de 42 ans. L’homme “a fait complications sur complications”, au point qu’il a été muté au CHU de Marseille, où il se trouve encore à ce jour. 

La jeune infirmière et ses collègues ont l’habitude de dire que l’on se plaint de notre perte de liberté due au confinement, qu’on est coincé chez soi etc. Mais selon eux, la véritable perte de liberté est lorsque l’on est intubé dans un lit d’hôpital, dans le coma. 

Solène, quant à elle, a été diplômée en juillet dernier. Elle a commencé son activité au drive CHU de Toulouse, où elle fait des tests PCR (tests nasaux). Avant le confinement, son équipe et elle en faisait environ 1 200 quotidiennement, mais ils en font beaucoup moins désormais. Confinés, les toulousains ont moins besoin de se faire tester, ce qui soulage un peu les soignants. Ces derniers ont eu une charge de travail “énorme” depuis l’ouverture du drive piéton au mois de mai. 

Astrid et Solène respectent une procédure très complète pour se protéger du virus :  elles ont une combinaison, un tablier qu’elles changent entre chaque patient, des sur-chaussures, une sorte de bonnet pour les cheveux qu’ils appellent “calot” ou une charlotte, un masque FFP2 ainsi que des protections pour les yeux, soit des lunettes, soit des masques. 

Leur mot de fin : “continuez de vous protéger et à respecter un maximum les consignes de distanciation sociale.” 

Laurie BRUNNER et Margaux COUDERC