Le 02 octobre dernier, Chimène Badi publiait son premier Best-Of, “Entre nous”. Ce double album ne retrace pas simplement 18 années de grands titres mais raconte l’histoire que la chanteuse lot-et-garonnaise entretient avec son public depuis ses débuts. Deux jours après la sortie de son Best-of, l’artiste se confie sur sa carrière et l’histoire de ce nouvel album.
Quels sont les trois moments les plus marquants de ta carrière ?
“Tout d’abord, il y a forcément ma rencontre avec Johnny Hallyday et la tournée qu’on va faire ensemble puisqu’il me demande de chanter un duo avec lui sur toutes ses dates. A cette époque-là, en 2003, j’ai 20 ans, je viens juste d’enregistrer un single et suis donc inconnue au bataillon. Je sors de Pop star et je ne sais pas trop ce qui va m’arriver. C’est une rencontre assez particulière avec un artiste authentique, généreux et charismatique. Il était quelqu’un d’exceptionnel et ce fut une expérience unique.
Ensuite, je dirais qu’il y a mon premier casino de Paris, ma première scène parisienne. C’était tellement dingue et fou que c’est encore impalpable pour moi aujourd’hui. Je n’étais pas préparée à tout ça, c’est arrivé comme ça et en même temps je suis rentrée là-dedans comme une balle et j’ai tout donné. Je n’avais jamais eu une scène pour moi toute seule et je ne savais pas comment l’appréhender et finalement j’ai chanté mes sons devant un public merveilleux et c’était génial. C’est d’ailleurs pour cela que je vais de nouveau faire le Casino de Paris le 11 octobre. J’avais envie de revenir à ce moment marquant de ma carrière.
Pour finir, je dirais “Destination Eurovision”, il y a deux ans. J’ai 17 ans de carrière dans les pattes mais je décide de prendre le risque de faire cette aventure. J’aurais pu me faire jeter dès le début et après 17 ans de carrière cela peut être compliqué car cela peut te suivre. Néanmoins, j’avais besoin de remettre les compteurs à zéro. Prendre des risques est essentiel dans une carrière car cela te permet de te renouveler et cela te pousse dans tes retranchements. Tu te demandes pourquoi tu aimes ce métier. Il y a tellement de choses toxiques et parasites dans ce domaine que parfois tu oublies pourquoi tu le fais. Finalement il y a eu une belle réponse, le public m’a emmené jusqu’en finale.”
Quels sont les trois duos que tu as préféré faire ?
“Évidemment je reviendrais sur celui avec Johnny Hallyday parce qu’il m’a tendu la main alors que je n’avais que 18 ans et qu’il m’a beaucoup appris.
Après, je dirais mon duo avec Billy Paul, avec qui j’avais fait une reprise de “Ain’t no mountain high enough” sur mon album Gospel and Soul. C’est un artiste qui a une histoire dingue et pour moi, qui viens d’un petit village, c’est gratifiant de pouvoir aller aux Etats-Unis et bosser avec un mec comme lui.
Pour finir, je parlerais de mes duos avec mon amie Julie Zenatti, puisque nous avons même fait un album ensemble, “méditerranéennes”. On avait envie de prôner le partage et le vivre ensemble. Il ne faut pas avoir peur des différences puisque c’est ça qui fait grandir. Ce qui était beau c’était de voir que chaque soir, on avait un public qui était d’accord avec ce qu’on venait partager.”
Peux-tu nous parler d’un moment difficile de ta carrière ?
“Oui bien sûr. Il y a eu plein de moments difficiles dans ma carrière, notamment quand je suis arrivée dans le métier et que je ne faisais pas partie du moule, que j’étais différente.
Mais je dirais ce qui a été le plus troublant, mais que j’ai compris par la suite, c’est le moment où il n’y a pas eu de rencontre avec le public sur mon album ”Au-delà des mots”. C’est la première fois que cela m’arrivait, sur un album très personnel en plus. C’est donc déroutant et plombant et cela t’emmène à une certaine remise en question mais cela va m’aider, plus tard, à comprendre comment fonctionne mon métier.”
As-tu des regrets ?
“Non, je pense que, comme je le dis dans ma chanson “Là-haut”, rien n’arrive par hasard. Les choses qui ont pu se passer durant ces 18 années de carrière se sont passées parce qu’il devait y avoir une raison derrière. C’est un peu ma philosophie de vie, lorsqu’il m’arrive quelque chose, je ne le prends pas de manière négative et me dit qu’il y a une bonne raison, qu’il valait mieux.
Ce que j’ai compris maintenant c’est que ma carrière était une priorité mais aujourd’hui, même si elle est toujours très importante, je privilégie le temps que je passe avec mes proches. Je n’ai pas été là beaucoup à une époque, je ne peux pas le rattraper mais maintenant que j’en ai conscience, je prends désormais le temps et c’est pour cela que je suis revenue vivre à Villeneuve sur Lot, près d’eux.”
Que cela te fait-il de jouer “à domicile”, ici dans le Lot-et-Garonne ? Comme lorsque tu t’étais produite à Villeneuve sur Lot fin 2018 avec “Méditerranéennes”.
“C’est très difficile de jouer chez soi, là où on a grandi, personnellement j’étais particulièrement stressée. On a envie de faire encore mieux que d’habitude, peut-être par égo, car on a envie que les gens qu’on connait soient très fiers de nous.”
Quelle est l’histoire de ce double best-of ?
“Cela fait plus d’un an que je le prépare, il devait sortir en mars mais on a tout repoussé avec la covid-19. Je l’ai préparé en rapport avec la scène. J’ai fait le choix de reprendre certaines des chansons de mes débuts qui me manquaient beaucoup et qui, comme j’ai pu le voir pendant ma tournée, manquaient aussi à mon public. Ce sont des chansons repères, qui ont créé notre histoire. L’histoire qu’il y a entre mon public et moi, et c’est pour cela que je l’ai nommé “Entre nous”.
Comment imagines- tu suite, as-tu déjà d’autres projets en tête ?
Des projets j’en ai plein, j’y travaille déjà. Le confinement m’a permis de me projeter et de travailler sur d’autres choses. Je commence aussi à me pencher sur des projets de vie pas forcément liés à la musique, avec des personnes avec qui j’ai envie de bosser et d’expérimenter de nouveaux horizons. Je vois la vie comme une femme de presque 40 ans qui s’assume, s’éclate, profite de sa vie et qui essaie de toujours voir le bon côté.”
Lucillia REITANO
Votre commentaire