
“Les gros sont moches et laids, ils ne trouveront jamais l’amour. Ils abusent, il suffit de faire du sport ou de manger moins de cochonneries”, ces paroles fortes sont celles de Nathan, 21 ans. Dur à entendre. La grossophobie se fait bien souvent oublier, et pourtant elle a été nourrie avec la montée de la Covid-19. En France, cette année 2020, être une personne corpulente peut rapidement devenir un calvaire.
On oublie souvent que tout le monde n’a pas le même corps. “Depuis que j’étais toute petite j’étais en surpoids, obésité quoi, j’ai essayé vraiment tout, il n’y avait rien qui marchait, je le vivais vraiment très très mal. J’ai même essayé de faire du sport à une époque, ça ne marchait pas du tout. Au bout d’un moment, tu perds confiance en toi, t’as peur du regard des autres, c’est vraiment horrible.” raconte Sylvie, 25 ans. Les personnes rondes qui ne s’acceptent pas vivent constamment dans un cercle vicieux. C’en est le cas pour Sylvie, “L’image des autres, en tout cas pour moi, elle était quand même assez forte et ça te donne une très mauvaise image de toi-même. Je l’ai toujours trimballé ce truc, c’était mon malheur quoi. T’essaie de te cacher, de te faire tout petit, parce que tu te dis je prends tellement de place que je vais essayer de me faire toute discrète et personne ne me verra. Sauf que du coup ça te forge un caractère timide, qui a peur d’aller vers les autres qui est mal dans sa peau.”.
Avoir des rondeurs est d’autant plus un fardeau à porter dans une société grossophobe. Ce qui pousse ces gens à se considérer comme des étrangers qui n’auraient pas leurs places. “Tu ne peux pas t’intégrer comme les autres, du fait que tu ne peux pas manger comme eux. Si jamais j’allais au restaurant même si je n’étais pas dans mes périodes où je faisais des régimes ou des rééquilibrages, des fois je m’interdisais de prendre un dessert ou autre, parce que je me disais “déjà que t’es grosse mais qu’est-ce qu’ils vont penser les gens ?” raconte Sylvie.
Malheureusement, en 2020, la société n’a jamais été aussi pointilleuse sur l’importance de la corpulence de chacun. La crise sanitaire de la Covid-19 ayant pris de l’ampleur par le biais des médias, elle a notamment enrichi le réseau grossophobe. Les personnes corpulentes ayant des difficultés respiratoires et étant plus sujettes à des problèmes de santé, sont considérées comme des personnes à risque face au Coronavirus. Ce qui laisse entendre que ce groupe est faible et sans défenses, en première ligne face au virus. Encore des propos à entendre pour les personnes ciblées qui se sentaient déjà “rejetées et à part des autres”. “C’est des regards, des petits pics, moi j’étais au fond du seau, vu que tu ne dégages pas de la confiance en toi, les gens ils le sentent autour de toi, donc forcément t’es exclu aussi. Tu le vois que ton surpoids dérange.” énonce Sylvie. Pour la société tout semble simple “sauf qu’ils ne se rendaient pas compte que quand t’as quelques kilos en plus, il faut te les trimbaler, et du coup c’est hyper dur.” enchaîne-t-elle.
Il existe pourtant des solutions pour mettre fin à cet enfer. C’est le cas des différentes opérations visant à la réduction de l’estomac, comme la Sleeve ou le By Pass qui ont pu sauver des milliers de vies. Si pour certains grossophobes ces opérations s’apparentent à une solution de facilité, pour les patients atteints d’obésité “quand tu fais ça, t’es un peu dos au mur, t’as déjà tout essayé” explique Sylvie. Cette opération nécessite un IMC supérieur à 40, un suivi par de nombreux médecins pour remplir certains critères et être classé en obésité morbide.
“L’opération ça a été une libération, ça m’a changé la vie. Pour moi c’était vraiment une renaissance. C’est une opération lourde et pas anodine, tu sais qu’il peut y avoir des complications, mais franchement j’avais pas tant d’appréhension que ça. Avec du recul je pense que j’en avais vraiment marre, et j’en avais vraiment besoin. J’avais presque pas peur que ça rate, mais j’avais peur qu’ils ne m’opèrent pas. Après c’était une nouvelle vie qui s’offrait à moi, j’étais toute contente, trop bien quoi. Il y avait plein de contraintes mais je les voyais même pas ! Quand tu vois des gens que t’avais pas vu depuis l’opération, ils te revoient avec 30 ou 40 kg de moins, ils te disent “waouh” et forcément tu te dis ça fait plaisir, enfin on me l’avait jamais dit tout ça, ça t’aide à gagner confiance en soi. Et j’ai été très bien dans ma peau très rapidement, une renaissance.”
Luna Negre
Votre commentaire