Auteur/illustrateur, graphiste, scénographe, directeur artistique et éditorial, le riche profil d’Olivier Douzou ne serait que l’ombre de lui-même sans son goût pour le jeu et la nouveauté.
A quelques pas de la Maison du Livre Jeunesse de Rodez, se trouve la maison d’un artiste qui sait séduire le regard des petits comme des grands. La littérature jeunesse n’a pas d’âge, Olivier Douzou en est la preuve. Perché au sommet d’un escalier obscur et grinçant, son atelier se révèle un temple de la concentration où gravitent crayons, feutres et pinceaux prêts à l’emploi.
Petit, son père dessinait beaucoup. Même si ce n’était pas son métier, il avait l’habitude de partir en forêt ou à la campagne avec son carnet de croquis et ses palettes d’aquarelle. Peindre dans la nature était un incontournable des week-ends et des vacances, alors très tôt, Olivier l’a suivi. Aujourd’hui encore, à l’image de son père, il trimballe son éternel carnet A5 partout avec lui, le remplissant tantôt de mots, tantôt de croquis. Une fois noircit, ce carnet rejoindra ses prédécesseurs dans un des compartiments de la grande bibliothèque murale de son atelier.
Pour Olivier Douzou, c’est par le jeu que la magie opère; le jeu avec les formes, le jeu avec les mots. Sans cela, la vie serait bien trop ennuyeuse. Ce jeu, il le découvre d’abord grâce à Raymond Queneau et à ses exercices de style. A leurs côtés, George Perec et Boris Vian viennent alimenter son goût pour ce qu’il nomme “littérature du dérangement”. Le plaisir de la lecture qu’il reniait enfant s’offre alors à lui. Les lectures imposées sont inutiles, seules celles engendrées par la curiosité valent la peine.
Si tout semble déjà avoir été dit dans les livres, il existe mille et une façons de le faire. Selon lui, “il n’y a pas une vérité dans un livre, chacun lit ce qu’il veut.” Cette même liberté d’interprétation est au fondement même de son travail. “On ne peut pas raconter qu’avec des images ou qu’avec du texte, il faut les deux”. Alors il dessine. L’idée part d’un mot, d’une forme, d’une image, et c’est bientôt tout un monde qui émerge d’une page qui ne sera plus jamais blanche. Un monde que chacun est libre de visiter et de percevoir comme bon lui semble.
L’existant ne l’intéresse pas. Créer, ce n’est pas pomper le travail d’un autre, c’est construire son propre univers avec ses propres règles, des plus simples aux plus extravagantes. Mais le jeu ne s’arrête pas là. Scénographe, travailleur indépendant, directeur artistique, directeur éditorial, graphiste, auteur/illustrateur, Olivier Douzou joue plusieurs rôles, pour ne pas dire plusieurs vies dans lesquelles la création et l’imaginaire sont omniprésents.
Mélanie Chambas
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