Mikael a été élevé au sein d’une congrégation de témoins de Jéhovah. À 25 ans, un drame le pousse à quitter ce mouvement qu’il qualifie de sectaire. Près de 20 ans après son départ, il revient sur cette période de sa vie.
Toute son enfance, Mikael l’a vécue au sein de la communauté des témoins de Jéhovah de Soturac (Lot), et on peut dire que ce n’était pas de tout repos. Son temps libre était partagé entre étudier la bible et les livres du mouvement, assister aux offices et amener la bonne parole.
C’est d’ailleurs en prêchant cette bonne parole, un week-end, qu’il tombe sur la maison d’un garçon de sa classe. De retour à l’école le lendemain, Mikael doit faire face aux moqueries de ses camarades.
Cet événement s’ajoute aux nombreux autres qui lui font se sentir différent des autres enfants de son âge. Il ne fêtait ni les anniversaires, ni les Noël et sa vie était remplie d’interdits : il ne pouvait par exemple ni fumer, ni boire ni même chanter certaines chansons pendant les cours de musique. “Quand j’étais au collège, en 1989, il y avait le bicentenaire de la Révolution. On avait eu une réunion la veille, au sein des témoins de Jéhovah, pour nous ordonner de ne pas chanter les chants partisans à l’école” raconte alors Mikael avant d’ajouter “qu’il n’y a rien de plus banal que ça”.
Cependant, la règle la plus douloureuse était celle qui lui interdisait de “fréquenter les gens du monde”, c’est-à-dire ceux qui n’appartenaient pas au mouvement. Il n’avait donc pas le droit d’avoir une petite copine ou des amis non témoins de Jéhovah.
C’est une enfance dictée par la peur que Mikael subit, il affirme avoir été mentalement manipulé toute sa jeunesse. On lui répète dès son plus jeune âge : “Si tu es méchant, tu seras détruit, comme les gens du monde” et c’est cette frayeur qui le pousse à respecter tous ces interdits.
A l’adolescence, cet ex-témoin de Jéhovah en a déjà “marre de ces règles”, mais il ne quitte pas le mouvement pour autant. Ce qui va déclencher son départ, c’est un vrai drame.
Mikael est alors marié à une autre membre de la congrégation, lorsque le couple perd sa petite fille. Cet évènement pousse sa femme au départ et Mikael au non-respect des principes du mouvement. Il se met à fumer, à ne plus assister aux offices et s’éloigne alors de la communauté. “Je me suis dit : il est où là Jéhovah ?” confie-t-il.
La communauté va donc engager une procédure d’exclusion où Mikael sera jugé, lors d’un comité judiciaire, avec la même sévérité qu’un autre membre de la congrégation qui avait violé ses trois sœurs car “pour Jéhovah, tous les péchés sont au même niveau”. Ce scandale révolte Mikael et marque sa rupture définitive avec la communauté.
En quittant les témoins de Jéhovah, Mikael doit également se séparer de sa famille. Ses parents et sa sœur, toujours membres du mouvement, ont interdiction de rentrer en contact avec des excommuniés, Mikael compris. Pour l’heure, ils ne souhaitent ni le revoir, ni lui reparler, ni même rencontrer son fils car leurs principes les en empêchent. Pour Mikael, ”ils doivent ouvrir les yeux” et ajoute “qu’on ne peut pas laisser tomber un enfant” comme ses parents l’ont fait avec lui.
Privé de sa jeunesse, c’est donc à 25 ans que cet ex-témoin de Jéhovah se rattrape et vit son adolescence. Il en profite également pour faire des recherches sur le “mouvement sectaire” dont il faisait partie. “Quand on y vit on ne s’en rend pas forcément compte, c’est qu’on en sort qu’on le voit” déclare-t-il.
À ce jour, Mikael avoue qu’il lui arrive d’avoir des doutes : “Si des fois il y a un gros orage ou une grosse tempête, j’ai des réminiscences, et je me dis que c’est peut-être Armageddon » déclare-t-il. Puis il complète : “certains suivent des thérapies mais on l’a toujours dans la tête cet embrigadement”.
Lucillia REITANO
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