Keymi, graffeur, 48 ans de bêtises ou presque, colore les rues de Clermont depuis plus de dix ans.
Entre odeur de peinture et tâches de couleur sur le sol, son atelier logé dans les rues calmes de Montferrand invite au rêve. Une ode à la créativité que Keymi partage sincèrement et avec engouement.
Un personnage à la fois drôle et touchant qui offre une explosion de couleurs à travers chaque nouvelles créations. Son dernier projet du moment, des morceaux de puzzle aux pigments intenses qui reflètent la pop culture. Imposants non pas par leur taille ni par leur poids mais bien par leur aspect, ils sont faits de polystyrène et sont étonnamment légers. L’illusion se crée grâce à la résine colorée qui recouvre chaque pièce et lui donne cette apparence rigide.
S’exprimer à travers le dessin et la peinture est pour lui une seconde nature. Dès le plus jeune âge, il se nourrit du hip hop et plus tard de l’art contemporain pour trouver son propre style. Le garage de ses parents est son premier terrain de jeu. Ces murs sont des pages blanches qu’il habille et efface indéfiniment, tout comme ceux de la ville qui finissent par être détruits. Pour éviter d’être réprimandé par les autorités, Keymi choisit soigneusement les endroits et les moments pour graffer : bâtiments abandonnés ou zone de chantier, le tout un dimanche matin. Être à la vue de tous en sachant que tous dormirons, utiliser des pinceaux plutôt que des bombes, un tour de passe-passe parfaitement orchestré pour déjouer les forces de l’ordre.
De manière générale, l’artiste ne se dit pas engagé. L’engagement est pour lui une façon d’exposer et d’imposer son avis. A la place, Keymi invite au questionnement sur des sujets de société. Sa dernière préoccupation : l’alimentation. Une série de sculptures en forme de glaces piquantes et acidulées qui s’inscrit dans l’univers pop de l’artiste convie les spectateurs à s’interroger sur leurs habitudes de consommation.
Artiste polyvalent, il expose dans la rue mais aussi en galeries.
Les graffs étant éphémères, les seuls souvenirs qu’il garde de ses œuvres sont des photos. Un questionnement persiste alors : quelle est la vraie œuvre ? Le graff ou la photo du graff ?
Ornella Hachemi et Amélie Barban
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