Moment de complicité : l’équipe improvise un selfie collectif. (photo : Olivier Royer)

Entre cours de théâtre, spectacles et dramathérapie, Olivier Royer ne s’arrête jamais. Dramathérapeute avéré, il nous parle de sa discipline qui nécessite rigueur, travail et envie ainsi que les exercices d’improvisation.

Olivier Royer enseigne la dramathérapie à Rodez. Il intervient dans différents secteurs : hôpitaux, maisons de retraite, psychiatrie. S’il a à cœur d’aider ces personnes, il intervient avec des jeux d’improvisation et de mises en scène qui permettent de se livrer à travers un personnage. À travers son parcours, Olivier explique l’univers de la dramathérapie.

Comment vous définiriez la dramathérapie ?

C’est le soin par le théâtre, c’est rattaché à l’art-thérapie. C’est l’utilisation du théâtre pour apporter un complément au soin par les médicaments. (C’est un apport en plus). On le retrouve dans plusieurs secteurs : hôpitaux, en psychiatrie, en maisons de retraite, en prison, etc. Des endroits où les personnes ont des choses à dire, parfois très enfouies. On parle de soi en étant un personnage afin de générer de la confiance, de l’estime de soi, un bon rapport avec soi-même et les autres.

Ou pratiquez-vous la dramathérapie ?

J’enseigne à l’U.M.P.A (Unité médico-psychologique des adolescents) à l’hôpital de Rodez avec des jeunes de 12 à 18 ans qui traversent des problèmes compliqués : dépressions, tentatives de suicide, anorexie, etc. Je travaille au C.P.J (Centre psychothérapeutique de jour) à Sainte-Marie à Rodez en faisant des ateliers d’improvisation et des montages de pièces de théâtre. J’interviens également en maisons de retraite. La dramathérapie est alors utilisée pour des personnes âgées qui ne parlent plus, ont des sénilités, sont en dépression. J’ai déjà pratiqué dans des endroits de délinquance en région parisienne. Les jeunes avaient des problèmes dus à leur mal-être et n’étaient pas à l’hôpital.

Qu’apportent les exercices d’improvisation ?

Ça apporte plusieurs choses. Ça permet de débrancher son cerveau, de s’autoriser à ne pas réfléchir, de travailler avec l’autre, de travailler sur la confiance en soi, de l’estime qu’on se porte et de dire des choses parfois enfouies qui sont évacuées à travers un personnage.

Le confinement a-t-il eu un impact sur les personnes qui pratiquent la dramathérapie ?

Avec les confinements successifs, il y a eu pas mal de dégâts notamment dans les maisons de retraites avec l’isolement. Il y a eu un afflux de jeunes dans les centres médicaux. Je ressentais une fatigue et détresse psychologique chez les personnes avec qui je travaillais. Il a fallu travailler plus sur ce qu’on peut apporter dans le rire à travers l’improvisation. Avec mes élèves à l’IUT, au lycée, au collège, il a fallu s’organiser via la visioconférence. Ça a permis de se remettre en question, de ne pas baisser les bras, de libérer des facultés d’adaptation. Finalement, le théâtre peut passer partout. Les gens m’ont suivi, car on a autant d’élèves, le potentiel d’élèves est le même.

Comment êtes-vous arrivé à enseigner la dramathérapie ?

C’est le parcours d’une vie. Très petit, en CM1, j’étais passionné de voir qu’on pouvait être totalement différent sur scène par rapport à sa vie. J’ai commencé à jouer et à me former. En parallèle, je suis diplômé d’un bac+5 de biologie. J’ai enseigné le théâtre au lycée Foch à Rodez tout en restant bactériologiste. En 1998, tout a basculé car je me suis fait licencier du laboratoire de Rodez. Ce licenciement m’a permis de me consacrer totalement aux cours de théâtre. J’ai pris conscience que c’était ce que je voulais faire. Le diplôme d’art-thérapie n’était pas développé à l’époque donc je me suis formé sur le terrain. Petit à petit, j’ai acquis de l’expérience. A vrai dire, je ne pensais pas que ça marcherait comme ça marche aujourd’hui.

Mélina Galland et Alizée Grides

Édité par Héloïse Marsis, le 15 novembre 2024