A 78 ans, Jean-Marie Perier, en a assez d’être présenté sans cesse comme le photographe des stars.   Très direct, il lance à son interlocuteur : « Être vieux c’est nul, t’es con, t’es moche ». C’est avec ces mots crus qu’il lance le débat.

« Je veux finir ma vie dans la vraie campagne ». Depuis maintenant une vingtaine d’années, Jean-Marie Périer vit en Aveyron près de la bastide de Villeneuve où il débarqua presque par hasard.

« Je suis descendu tout droit », raconte-il en rappelant son arrivé en Aveyron en quête d’une maison. « Chaque fois que je suis fauché, il faut que j’achète une maison », s’amuse-t-il.  Heureux dans ce Rouergue, il lance : « le Paris que j’ai connu n’existe plus, car il y a trop de prétention ». Il préfère s’investir loin de la capitale. A Villeneuve où il y a la Maison de la photographie à son nom, qui a permis au tourisme d’augmenter. Il a aussi son espace à la galerie du Causse. Et Jean-Marie Périer déborde de projet, la création d’une maison d’édition est en cours de finalisation. Et il vient de sortir son dernier livre « Près du ciel, loin du paradis », où il est question de jeunes, de vieux et de la vie.  « Je ne regrette pas d’être venu ici », assure le photographe ajoutant « je compte bien finir ma vie dans la vraie campagne… ».

L’ancien de photographe du magazine « Salut les copains » et de la revue « Elle », tend sa main vers la jeunesse. « Même si vous vous trompez, ce n’est pas grave car vous êtes l’avenir ».

Ses propos marquent une forme d’opposition entre les générations. Surtout lorsqu’il dit : « ce que j’ai vécu, moi, pour en arriver là où je suis, il est impossible que les jeunes d’aujourd’hui puissent le faire. ». Lucide, il estime que la vie ne commence pas à 60 ans, comme certains peuvent le penser et n’ont de cesse de le véhiculer: « les plus belles années de ta vie, c’est à partir de la trentaine jusqu’à la soixantaine ».

Connu pour ses clichés avec les stars (Les Rolling Stones, les Beatles ou encore Françoise Hardy et des dizaines d’autres), Jean-Marie Perier ne s’imaginait pas en photographe quand il était jeune. Musicien jouant dans le sillage de Dutronc, son pote de toujours, sans réelles ambitions professionnelles cependant et marqué par une filiation dont il ne veut plus parler, le monde du cinéma l’attirait beaucoup plus. Il n’avait de cesse de suivre son père François Perier, comédien de théâtre par passion et acteur de cinéma pour « faire bouillir la marmite », sur les plateaux de tournage. Et c’est pendant l’un de ces tournages, que le jeune Jean-Marie fut fasciné par l’image. Quelques mois s’écoulèrent, et à l’âge de 16 ans, « sans aucun diplôme en poche, car j’avais quitté le lycée », il explique comment une rencontre allait changer sa vie. C’est celle avec Daniel Filipacchi, qui animait alors une émission de jazz à la radio et éditait un journal jazzy. « Grâce au travail de photo qu’il m’a confié, j’ai pu rencontrer et photographier les plus grands jazzmen comme Chet Baker, Miles Davis… » Tout cela avant que le producteur ne lance l’émission radio et la revue « Salut les Copains ». Il intégra Jean-Marie dans son équipe en lui demandant d’en prendre les commandes du secteur photo.

La revue connut un énorme succès. C’était l’âge d’or des yéyés et chaque semaine, elle tirait à plus de 1 million d’exemplaires. C’était un autre temps…

Léo Couffin