Figure importante dans le paysage culturel aveyronnais et ruthénois, Olivier Douzou a su s’adapter et composer avec les évolutions de son métier. Avec des projets toujours plus divers et un parcours diversiforme, « Douzou » continue de surprendre.

Comment avez-vous forgé votre savoir-faire?

J’ai suivi une école d’art à Paris que j’ai arrêté pour suivre une formation en architecture à Montpellier où j’ai été diplômé à 24 ans. J’ai travaillé dans des agences d’architecture, de design et de communication à Paris où je dessinais beaucoup, c’est d’ailleurs ce qui m’a guidé. Après ça je suis revenu en Aveyron grâce à mon premier livre pour enfant. Les éditions du Rouergue m’avaient confié à ce moment-là la direction artistique que j’ai quitté en 2001. Je suis en free-lance depuis 1994, date de mon retour de Paris. A cette époque c’est l’apparition de l’ordinateur et d’internet, donc j’ai pu avoir des clients partout.

Mon métier est assez protéiforme, je peux travailler sur des couteaux avec Bras et en parallèle travailler avec le salon du livre de Montreuil où je fais la scénographie. Je suis revenu aux éditions du Rouergue il y a 7 ans, je dirige maintenant les collections et je suis aussi directeur artistique.

Quand on va sur votre biographie sur les sites des éditions du Rouergue on voit que vous êtes architecte, est ce que vous  continuez des projets d’architecture ?

Non, je donne surtout des conseils mais je me suis concentré sur la scénographie. Ça se rapproche de l’architecture, c’est de la mise en scène d’évènement. Pour Montreuil par exemple, ça fait 11 ans que je fais la scénographie sur un espace qui représente plus de 1000m2. Ça reste de l’architecture mais c’est assez marginal par rapport à ce que l’on peut entendre par architecture.

En Aveyron il y a de plus en plus de jeunes entrepreneurs qui se lancent, quel est votre avis sur la création d’un incubateur de startups ? Est-ce que tu aimerais participer à ce genre de projet ?

Le problème c’est qu’il faut les marchés. Il y a une éducation à ça. Si on prend l’exemple du graphisme en Aveyron c’est quelque chose qui n’a cessé de baisser. A l’époque où j’en faisais beaucoup il y avait 9 sociétés de graphisme sur Rodez. Aujourd’hui, je suis un des derniers à en faire.

Pourquoi cela a-t-il disparu ? Les acteurs n’ont pas su s’adapter ?

Non c’est surtout que petit à petit ce sont les imprimeurs qui se sont appropriés cette branche. Les collectivités ont aussi commencé à faire leur propre communication. Tout cela a été amené avec la généralisation des ordinateurs. Des moyens techniques peu chers et accessibles sont apparus mais le savoir-faire n’a pas forcément suivi. Il y a toute une éducation à refaire autour de ça. Le graphisme à Rodez il y a 30 ans voire 60 ans était plus dans les mœurs qu’aujourd’hui. Il faut qu’on arrête cette propagation de mauvais goût et qu’il y ait des sociétés de « bon goût ». C’est sévère mais c’est le cas.

Vous travaillez avec des aveyronnais en ce moment ?

J’ai travaillé avec Bras pendant très longtemps. En ce moment je travaille avec la MJC de Rodez dont je fais toute la création graphique. D’ailleurs, certaines écoles de graphisme reprennent la charte de la MJC en exemple. Je travaille rarement avec l’Aveyron, cela dépend de la demande et des projets que j’ai un peu partout dans le monde.

Que diriez-vous à des jeunes qui voudraient se lancer dans le monde de l’édition ?

C’est une période très compliquée, la culture souffre vraiment. Le livre est très concurrencé en termes de budget. Par exemple un enfant préfèrera s’acheter une console qu’un bouquin. Les médiathèques sont en difficulté avec des budgets en baisse constante.

Le fait que l’Aveyron soit un territoire « enclavé » avec un accès au THD variable n’est pas un handicap ?

L’Aveyron a un avantage. Souvent les personnes extérieures trouvent que notre territoire est un lieu de recueillement. Il faut voir ce qui se fait ailleurs avant de s’installer en Aveyron. Si tu respires l’air que tu expulses au bout d’un moment tu meurs.

Comment vous avez fait pour trouver votre style ?

J’aime bien travailler avec des outils différents. La jubilation c’est de créer des choses nouvelles, faire du neuf. Les gens sont perdus parfois quand ils me demandent une réalisation car je ne vais pas forcément leur rendre quelque chose qu’ils connaissent de moi. J’ai un style, mais le jeu c’est de toujours changer la manière de jouer. J’ai de la chance de faire ce boulot.

Valentin IZZO