L’association ProDiGes est un collectif d’artistes implanté depuis 20 ans dans l’Aveyron. Son rôle principal est simple : rendre la culture accessible à tous et créer du lien social par la mise en place et la gestion d’actions culturelles. Mais ProDiGes, c’est surtout une personnalité : Francisco Esteves, dit « Cisco », qui est à la tête de l’association.

Au départ, l’association travaillait sur la mise en place d’actions culturelles et pédagogiques liées au patrimoine culturel. Elle s’est ensuite développée jusqu’à avoir 50 salariés. Cisco décide alors de créer une entreprise en parallèle afin d’éviter une perte de sens du projet associatif. Il a également repris ses études durant 5 ans où il a repensé son projet associatif pour se focaliser finalement sur la culture en rapport avec le lien social et sur les valeurs de l’identité.

Il a, par ailleurs, une vision bien à lui de la culture. De son point de vue, pratiquer des activités culturelles n’est pas une fin en soi, cela permet avant tout de s’exprimer, d’aider au développement personnel.

Bien qu’étant une association avec de nombreux projets à l’étranger (en Orient et surtout à Tanger), ProDiGes est très présente au niveau local, et assure des actions sur la culture urbaine avec les jeunes. L’association a par exemple mené l’opération « Moi, ma vie, mon quartier » dans le quartier Ramadier. Le principe : ramener le Street art, par du collage éphémère, au sein de Rodez avec le recouvrement d’un immeuble voué à être détruit. Un projet compliqué sur plusieurs aspects. Tout d’abord, il fallait persuader les politiques que ce n’était pas du Street art vandale. Les politiques de quartier sont un sujet sensible car elles représentent des enjeux budgétaires au niveau national. Le but de Cisco était de montrer aux politiques que quelque chose de beau pouvait être fait en laissant les jeunes s’approprier un espace. La seconde difficulté était de réussir à ouvrir le dialogue avec ces jeunes souvent en difficultés ou en échec scolaire. Quand l’association commence son action, c’est sous des menaces gentilles et la désapprobation de la plupart. Heureusement Cisco, malgré son look de rockeur, a cette « culture de la cité » et arrive petit à petit à ouvrir le dialogue et implique tous les résidents du quartier dans le projet.

Finalement, la plus grande difficulté que Cisco ressent avec ProdiGes, c’est un retard des politiques culturelles locales ainsi qu’un manque d’éducation à la culture amateur. De ce fait, des structures se montent telles que ProDiGes, Le Krill ou le Club. Cependant, sans encadrement ni concertation au départ, ces organisations se concurrencent. En plus de ça, les jeunes qui n’ont que peu été éduqués à la culture, ont du mal à se sentir légitimes d’être acteurs de ce genre d’association et ne font pas la démarche spontanément.

Ce retard dans les politiques culturelles a pour seconde conséquence que des personnes telles que Cisco partent d’Aveyron pour trouver ailleurs ce qu’ils recherchent. Bien heureusement, l’attachement qu’ils ont à leur territoire les poussent à revenir et impulser des actions culturelles locales comme le fait Cisco.

Dylan Gabarre, Titouan Nicolas