Marie-Pierre directrice de la Calandreta de Rodez revient sur le sujet tabou des langues régionales en France. Accompagnée de ses élèves, elle cherche à faire progresser l’opinion publique.
“Nous vivons actuellement dans un pays que l’on veut monolingue et centraliste.” C’est avec ses mots que Marie-Pierre, directrice et enseignante de la Calandreta de Rodez, exprime son mécontentement. Créé en 1979, le mouvement Calandreta cherche à valoriser les écoles en langue occitane pratiquant une pédagogie active. Il fête cette année ses 40 ans. Regroupant 65 établissements scolaires en France et 4 000 élèves, ce mouvement ne fait pas l’unanimité auprès notamment du système éducatif français puisqu’il a encore du mal à se développer.
C’est pour cela, qu’il y a 19 ans, à l’initiative des parents d’élèves ruthénois, l’association pré-figurative “Calandreta de Rodés” a vu le jour. On parle plutôt d’école immersive dans laquelle tous les apprentissages se font en langue occitane. L’occitan est une langue romane basée sur le latin dans laquelle on retrouve de nombreuses consonances comme le français, l’italien, l’espagnol, le catalan, le roumain ou encore le portugais. En bref, un mélange de culture qui donne cette consonance si particulière à l’occitan. La Calandreta de Rodez compte actuellement 3 professeures et 59 élèves qui souhaitent sauver leur langue régionale.
Pour cela, les enseignantes de la Calandreta misent sur des travaux collectifs qui permettent de responsabiliser les élèves dès leur plus jeune âge. L’objectif premier de cette méthode pédagogique est de faire prendre conscience aux enfants de la valeur de la langue française, de la langue régionale et des langues vivantes.
Souvent qualifiée de ringarde, l’image de la culture régionale est tout autre, notamment en Occitanie. Contrairement, aux nombreux préjugés de la société actuelle, la culture occitane a une place primordiale au sein de sa communauté. Elle est même qualifiée de prégnante dans la préfecture du département aveyronnais. Puisque de nombreuses activités en lien avec la culture sont proposés comme par exemple le Festival Estivada. La professeure affirme que les Occitans sont loin d’être passéistes, ils cherchent, se renseignent pour se tenir informés des dernières tendances culturelles. Les jeunes et moins jeunes de la région se retrouvent donc autour d’une culture qui se veut très ancienne, classique voire même moderne.
Avec du recul, la professeure d’occitan reconnaît que la question des langues régionales ne se pose pas dans certains pays : il est logique d’apprendre la langue nationale ainsi que la langue régionale. Mais ce n’est pas le cas de la France. Et pour dire, les langues régionales font peur. Alors qu’à l’inverse Marie-Pierre ainsi que tous ses élèves voient plutôt cela comme une richesse. C’est pour eux le moyen de transmettre des valeurs dans lesquelles ils seraient enracinés. Mais en aucun cas cela ne ferait de tort à la langue française. Au contraire, ses langues régionales nous permettraient de nous enrichir les uns les autres.
Marine FORT.
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