Elle s’appelle Sasha, elle est en première année de DUT Information communication à Rodez et elle est biélorusse. Malgré les 3 000 km qui la séparent de sa nation. Elle n’en reste pas moins au cœur du conflit qui touche aujourd’hui son pays et qui va changer la brève histoire de la Biélorussie à tout jamais.
La république de Biélorussie est un jeune pays, né de la chute de l’URSS, elle est officiellement reconnue en 1990. Situé entre la Russie, la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, ce petit fief en plein centre de l’Europe, reste néanmoins dépendant de la Russie et ne fait pas encore partie de l’Union européenne. Alexandre Loukachenko, président de la République de Biélorussie est à la tête du pays depuis 1994. Il est pris à parti dans de nombreuses controverses, et est la principale raison du conflit qui ronge la Biélorussie actuellement.
A la suite de sa réélection le 9 août 2020 avec 80 % des voix pour lui et 3 % des voix pour le reste de ses opposants. L’étudiante dit : “En Biélorussie, nous sentons que nous faisons partie de la société libérale et démocratique, mais on ne vit pas dans la démocratie.”
Dans le pays, l’élection est décriée comme falsifiée, la population biélorusse envahit les rues. Femmes, hommes, personnes âgées, étudiants, tous manifestent pacifiquement pour dénoncer ce régime qui a trop longtemps bafoué les droits de l’homme et la démocratie. D’après Sasha, la goutte de trop, celle qui a fait déborder le vase, c’est l’inaction du président biélorusse vis-à-vis de son peuple, qui a été laissé à l’abandon face à la crise qui touche le monde entier : la Covid-19.
Depuis la France, l’étudiante biélorusse s’inquiète, elle s’inquiète pour sa famille, ses amis. Elle s’inquiète de la suite des événements et du destin qu’aura le pays de son enfance. La gorge nouée, elle témoigne des faits qui ont eu lieu dans son pays pendant son absence. L’action répressive du président et de ses policiers contre les manifestants et les journalistes. Ses amis, qui ont été enfermés pendant quinze jours pour avoir défilé dans les rues. Le réseau téléphonique, coupé dans tout le pays pour éviter les fuites d’informations et les échanges. Le régime qui opprime sa population en faisant de la propagande et en contrôlant la quasi-totalité des médias du pays, qui se débarrasse de ses opposants que ce soit en les emprisonnant ou en les forçant à l’exil. La liste est longue d’après Sasha qui confia par la suite : “on n’est pas dans une ancienne dictature des années 40, mais dans la dictature moderne, celle du 21e siècle”.
L’ONU condamne, l’Union européenne condamne, les Etats Unis condamnent, tous condamnent, mais rien n’avance, rien ne se dit, tout n’est que silence dans ce conflit qui risque de durer encore longtemps. Et aujourd’hui, pour Sasha, le seul moyen de défendre ses amis, le seul moyen de se joindre au combat pour elle, qui est éloignée de 3000 kilomètres. C’est d’informer ces autres qui ne savent pas, partager les actualités sur ses réseaux sociaux, montrer la réalité telle qu’elle l’est au reste du monde.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage. Sasha espère rentrer chez elle, rassurée, libérée. Elle souhaite vivre ce changement, ce renouveau qui aura peut-être lieu la semaine prochaine, dans quelques mois, dans quelques années. Ce qui est sûr, c’est que cette année 2020 marquera l’histoire de ce petit pays d’Europe : la Biélorussie.
Pierre LABARTHE et Camille RUBIO
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