Le CGR de Rodez, situé sur l’esplanade des Rutènes à Rodez, a, tout comme les autres cinémas, souffert du confinement et de ses conséquences. Avec seulement 4 heures pour tout fermer après l’annonce du Président Macron le 17 mars dernier, cette crise sanitaire a eu un énorme impact sur l’établissement. Rencontre avec Yann Marie, directeur du multiplex de Rodez.

Yann Marie est, depuis son ouverture en octobre 2013, directeur du multiplex cinématographique situé à Rodez. A la question “comment avez-vous vécu cette fermeture forcée?”, il répond avec amusement “Et bien on a rien vécu du tout !” Il se rappelle encore de l’allocution du premier Ministre annonçant la fermeture de tous les cinémas le soir même à 00h, soit 4 heures après.

« Ça a été un vrai coup dur […]. C’est la première fois que le cinéma en règle générale subit une crise depuis qu’il y a des salles de cinéma car même en temps de guerre les salles étaient ouvertes, pareil pendant des crises économiques. Le cinéma reste un loisir très accessible, et malgré les crises, c’est un domaine qui a toujours réussi à tirer son épingle du jeu. Mais face à l’épidémie du COVID-19: c’est un K.O technique” déplore Monsieur Marie. 

Un des aspects alarmant de la situation, c’est le retardement des dates de sorties des films porteurs Outre Atlantique, qui font généralement beaucoup d’entrées et qui ne seront pas là de l’année car ce n’est pas le bon moment de les sortir d’après les producteurs (on peut citer WonderWoman ou encore James Bond, et également Mulan qui a été finalement posté sur la plateforme Disney+). Les distributeurs sont donc maintenant dans une optique de mettre en lumière les films made in France, faute de sorties des mastodontes attendus pour la fin de l’année. Même Tennet pourtant sorti durant cette période n’a été exploitable concrètement qu’une seule semaine après quoi, le film était disponible sur les sites de streaming.

L’établissement a dû également réduire ses horaires de séances, la situation rendant impossible un maintien des emplois sur un temps de travail équivalent à celui pré-épidémie. C’est donc logiquement qu’à la question du chiffre d’affaire, Yann Marie déplore non pas une grosse perte mais comme il le souligne: “une perte  abyssale”

Le Ministre de la culture devrait prochainement débloquer 50 millions d’euros dont 25 millions d’euros pour les 4 plus grands circuits donc l’établissement fait partie. “C’est un geste non négligeable mais qui reste une goutte d’eau parmi toutes les sommes qui sont dépensées depuis 7 mois sans retour de recettes.”

Le cinéma a cependant ouvert aux horaires habituels pendant toutes les 2 semaines de vacances d’Octobre en espérant “arriver à fonctionner à peu près pendant ces deux semaines et pouvoir enfin recommencer à travailler sur de vrais horaires”. Même si monsieur Marie ne se fait pas d’illusions et sait déjà que les chiffres ne seront surement pas au rendez-vous. Le tableau semble donc bien sombre pour le monde du 7ème art.

Le cinéma se prépare donc avec appréhension à la ré-ouverture totale durant les deux semaines de la Toussaint, en invitant le public à venir voir Poly le dernier né de Nicolas Vanier et bien d’autres pour enfin pouvoir à nouveau voir fonctionner à plein régime une industrie majeure du divertissement.

Justine RIBAT et Dorian BALDY