Salles vides, sombres, poussiéreuses et froides. Les vêtements oubliés par les clients témoignent de la brutalité avec laquelle le temps s’est arrêté. Tout est resté intact. Depuis mars 2020, l’attente est longue pour les propriétaires des discothèques ruthénoises, qui n’ont plus aucune activité à cause de la Covid-19.
Cette soudaine fermeture, certains l’avaient anticipée comme le Loft 89 et l’Excalibur. “Nous étions conscients d’être un gros vecteur de l’épidémie” admet Jean-Louis Cabiron, son propriétaire. Malgré la prévoyance dont ils ont fait preuve, cette période incertaine et très difficile pour les gérants et leurs employés au chômage partiel, leur paraît interminable.
Après avoir bataillé huit mois pour réussir à se faire entendre, ils ont toujours l’impression d’être “les pestiférés de l’Etat” affirme Tristan Barès, le propriétaire du Loft 89. Il faut savoir que même si les aides viennent à peine d’être obtenues, les plus jeunes et petites discothèques n’ont pas les mêmes trésoreries que les plus grandes et anciennes, les aides ne serviraient qu’à les soutenir pour mieux mourir. “On n’est pas pris très au sérieux alors que nous sommes des chefs d’entreprise comme les autres, comme les patrons de supermarchés, on a les mêmes problèmes sauf qu’on travaille la nuit” se désole Jean-Louis.
Cette impression a été renforcée par les rires des ministres, “un jour au début, il y a un ministre qui en a parlé à l’assemblée, ça a fait rigoler l’assemblée quand même. Il a soulevé le problème des discothèques et on a vu les trois quarts de l’assemblée rigoler” continue avec peine Jean-Louis dans le milieu depuis 38 ans.
Parfois angoissés, les gérants de boîtes de nuit se questionnent sur les habitudes de leurs clients, elles auront peut-être changées d’ici la réouverture. “Ce qui est difficile, c’est de ne pas avoir de perspective précise de la date d’ouverture” mentionne Jean-Louis, en effet tous ne seront pas gagnants en fonction de la date tant attendue. Prenons l’exemple du Loft 89, si la réouverture des boîtes de nuit se faisait juste avant l’été 2021, il serait compliqué pour eux de rouvrir. Ils font en réalité la majeure partie de leur chiffre d’affaires sur la période scolaire, principalement de septembre à novembre.
Mais ce n’est pas parce que certains bars ou restaurants se sont pris pour des boîtes de nuit le temps d’un été, que les vrais patrons de discothèques vont baisser les bras. Ils restent motivés et se mobilisent pour essayer de faire avancer les choses. Ainsi, Tristan Barès, représentant syndical UMIH 12 (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) met à profit ce temps de pause pour s’impliquer davantage dans cette lutte pour la pérennité des boîtes de nuit.
Chaque discothèque “essaie de maintenir le lien et l’envie” insiste Jean-Louis Cabiron, et tente de voir le côté positif en dédiant ce temps aux travaux, au ménage et à la réorganisation pour pouvoir être plus prêts que jamais à accueillir leurs clients, quand le moment espéré sera venu. C’est d’ailleurs dans un cadre de grands travaux et de changements que cette interview avec le Loft 89 s’est déroulée.
Lucillia REITANO et Luna NEGRE
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